Qui a dit que les jeunes n'aimaient plus lire?
Et pourtant ils lisent....
Christian Baudelot, Marie Cartier, Christine Detrez
ed. Seuil, 246p.,1999
Point de départ :Face à un discours alarmiste concernant la baisse du niveau de lecture chez les adolescents, ainsi que le désintérêt qu'ils semblent porter à cette activité, Christian Baudelot, Marie Cartier et Christine Detrez ont lancé une grande enquête sur la lecture et les adolescents. Une enquête de 4 ans commencée en 1993 sur 1200 jeunes de 14 à 17 ans.
Idées clées (en vrac):
>Plus les élèves continuent leurs études et les réussissent, moins ils lisent.
>En France il y a plus de livres vendus mais moins de lecteurs. La lecture arrive en 7ème position dans les loisirs des français.
>Les filles lisent plus que les garçons. Les + diplômés lisent + que les moins diplômés.
>Par le passé les niveaux de lectures étaient surestimés, aujourd'hui il seraient sous-estimés. La Baisse de la lecture est donc peut-être moins importante qu'il n'y paraît (même si elle existe bien).
>64% des élèves déclarent que lire pour le cours de français est un travail comme un autre, 17% que c'est un plaisir, 19% que c'est une corvée.
>La lecture fournit l'expérience de rapports emotionnels avec des images symboliques (apprécié par les adolescents)
>Un décrochage s'opère vers 16-17 ans: la sociabilité juvénile (relations amicales ou amoureuses) détourne les jeunes des modèles symboliques suscités par la lecture, au profit de la "vraie vie". Le lecture est perçue comme un obstacle à l'ouverture aux autres.
>Sur les 4 ans, 60,7% des lecteurs sont stables. 23,5% sont en baisse, 15,8% sont en hausse.
>Il y a un lien positif entre réussite scolaire et pratique de la lecture. Mais la lecture n'est pas une condition de la réussite scolaire.
>Un livre doit avant tout distraire et former à la culture générale.
>Il n'y a pas de corrélation entre le temps passé à lire et le temps passé devant la télé.
>Les garçons d'origine populaire et en retard scolaire lisent peu. Les filles d'origine populaire et en retard scolaire lisent beaucoup. Les élèves sans retard scolaire ont un évantail de lectures fourni et ouvert, ils ne se différencient pas sexuellement.
>Hercule Poirot est le héros préféré le plus souvent cité.
>Stephen King est un des auteurs les plus cités (au collège et au lycée).
>Les filles scolarisées en LP sont celles qui diminuent le moins leur pratique de lecture à la sortie du collège.
>A la sortie du collège, un élève sur 2 ne lit pas (ou peu) de livre à titre personnel.
>Les garçons, dans leur persistance à ne pas lire, se révèlent beaucoup plus constants dans leurs pratiques de lecture que les filles.
>Raisons de lire plus au lycée: besoin de se détendre
>Raisons de lire moins : l'école leur vole le temps nécessaire
>Raisons de lire autant:les programmes scolaires sont la seule source de lecture, au lycée on demande autant de lectures qu'au collège.
>Les collègiens aiment lire des histoires, qu'elles soient fictives ou non.
>Les 3 grandes variables des pratiques de lecture sont le sexe, l'origine sociale et la position scolaire.
>Le magazine est le concurent direct du livre. Les enfants de cadres supérieurs lisent des magazines unisexe (Phosphore, Les clés de l'actualité).
>Au collège, les instructions officielles sont de faire lire. Au lycée c'est d'enseigner les principes de la littérature savante
>La posture principale de la lecture est allongé sur le lit, que ce soit de la lecture personnelle ou scolaire.
>Le ressort de l'identification est très présent
>Il y a deux mouvements : de l'an 1 à l'an 3, concentration sur un nombre restreint d'auteurs. De l'an 3 à l'an 4, ouverture de l'évantail. Le point de rupture coïncide avec le Bac de français.
>L'ouverture se fait essentiellement au profit des auteurs anglo-saxons. Ces auteurs sont surtout des best-sellers, alors que les autres auteurs étrangers (hispaniques, allemands, italiens, russes...) sont des classiques.
>Au lycée (fin du lycée) et après, la lecture est considérée comme une pratique socialement cultivée et cultivante, et non plus seulement une expérience personnelle et pratique.
>Lire est plus important qu'avoir lu
Conclusion : Bien sûr, les élèves d'aujourd'hui lisent moins que les élèves d'hier. Cependant beaucoup d'adolescents lisent, que ce soit des livres classiques ou des livres populaires. Il ne faut pas non plus oublier que la lecture, c'est aussi la lecture de BD, de magazines...
Mon avis :Ce livre est très intéressant pour les conclusions qu'il apporte, ainsi que les statistiques (on peut supposer que c'est toujours d'actualité). Cependant les listes de livres semblent être un peu dépassées (l'enquête a eu lieu entre 1993 et 1997). Aujourd'hui on trouverait surement Harry Potter, ou encore Marc Levy. De même concernant les autres loisirs: les chanteurs et sportifs cités sont aujourd'hui complétement dépassés. Concernant les loisirs concurants, Internet n'est jamais cité alors qu'aujourd'hui il a une place primordiale. Mais je le répète, les conclusions ne sont pas à remettre en question.
Petite enquête : pensez-vous que Stephen King soit toujours aussi lu?? Pour ma part je ne l'ai jamais lu, et je ne me rendais pas compte qu'il était si populaire. J'aimerai savoir si c'est toujours le cas où s'il est aujourd'hui dépassé. Si vous avez une petite idée, des statistiques... merci de me les communiquer!