Présent ?
Présent ?
de Jeanne Benameur
Ed.
Coll. Folio
2008 / 8,30 € / 240 p.
La 4ème de couverture : Elle aurait voulu être une bête, au moins ça aurait été clair. Elle est juste professeur de la vie et de la terre, mais il n'y a plus de vie il n'y a plus de terre sous ses pieds quand son amant part. Alors au collège, elle n'y va pas. Qu'est-ce qu'elle enseignerait, hein? Son corps enseignant, il est ici. Son intelligence, sa patience, son savoir, tout pourrit sans caresse. Elle se racornit comme les feuilles de certaines plantes quand elles manquent d'eau. Elle peut juste attendre qu'il revienne ou qu'elle reparte le voir. Toute la vie suspendue dans l'intervalle. Sans son corps, elle ne peut pas enseigner. C'est comme ça. Le corps peut manquer à l'appel.
D'une écriture incisive et empathique, Jeanne Benameur brosse le portrait de tous les acteurs d'un collège de banlieue avant les émeutes, questionnant leur présence vive. Avec émotion, elle débusque les symboliques occultées du monde scolaire et les drames intimes de chacun : une brèche s'ouvre pour une pédagogie à rebours de tous les tabous.
Mon avis : Ce livre est une relecture. Ca m'arrive vraiment très rarement, mais celui-ci ça faisait longtemps que je voulais le relire. Ma première lecture date de quand je passais le CAPES, je voulais voir ce que j'en pensais maintenant que je suis vraiment "dedans". Et puis Jeanne Benameur vient dans mon collège en février (projet Numook) alors je me suis enfin lancée dans cette relecture qui attendait depuis longtemps dans ma PAL.
Pour commencer, c'est un livre difficile, plombant, que j'aurai peut-être dû éviter pendant les vacances de Noël. La quatrième de couverture parle de la prof de SVT mais il s'agit en fait d'un roman "choral" (ça se dit pour un roman ?) dans lequel le lecteur suit les différents acteurs de ce collège de banlieue : plusieurs profs, la principale, le factotum et quelques élèves. On a ainsi une vision globale du collège. Et on ne peut nier que cette vision est assez négative. Bien sûr, il y a des points positifs, des profs bienveillants, des élèves désireux d'apprendre ou qui se découvrent pas si "bête" qu'on leur a fait toujours croire, mais dans l'ensemble le constat est négatif : les parents sont au chômage ou se sont tués à la tâche dans des boulots ingrats sans aucune reconnaissance, les enfants savent au fond d'eux qu'il ne sert à rien de rêver, ils "finiront" comme leurs parents, les profs n'ont plus beaucoup d'espoir de faire évoluer les choses, la principale et le factotum font ce qu'ils peuvent pour maintenir l'établissement à flots et éviter qu'il ne s'éffondre.
C'est un roman dans lequel j'ai reconnu mon établissement, les collègues, mes élèves, pour beaucoup d'aspects. Peut-être la vraie différence est que dans mon collège il n'y a pas de "vieux" profs qui sont à l'aube de la retraite et qui sont désabusés ou, au choix, encore plein d'espoir. Mais sinon j'ai trouvé que Jeanne Benameur avait réellement su mettre de la réalité concrète dans ce roman, et c'est, finalement, pour cela que je l'ai trouvé difficile car il nous met devant les yeux ce qu'on voit au quotidien mais qu'on n'a pas le temps d'analyser avec le recul nécessaire. Ici il n'y a pas de solution apportée, mais une réflexion nécessaire.
+ d'infos :
-La présentation de l'éditeur