SObibOr
Ed. Belin Gallimard
Coll. Classico collège
216 p. / 5€ / 2009
La 4ème de couverture : Dix-sept ans, un bel âge ? Pour Emma, c'est tout le contraire : en quelques mois, elle perd sa grand-mère, quitte son amoureux, vole au supermarché. Elle maigrit beaucoup. Volontairement. Pourquoi ? Elle-même ne le sait pas vraiment. Tout bascule le jour où elle découvre un vieux journal intime dont la lecture l'entraîne dans une douloureuse enquête sur le rôle de ses grands-parents pendant la Seconde Guerre Mondiale...
Mon avis : Sobibor est un roman poignant qui aborde de front deux thématiques aussi différentes que fortes : les camp d'extermination et l'anorexie et la boulimie. Le récit est un peu complexe au niveau de la chronologie. La narratrice, Emma, est une adolescente de notre époque. Elle raconte sa maladie, mais de façon totalement déstructurée : au lecteur d'en retrouver le fil. Ajouté à cela, des extraits d'un journal intime parsèment le récit d'Emma. Au fur et à mesure qu'elle lit ce vieux journal découvert par hasard, nous découvrons avec elle le passé caché de ses grands-parents. Les deux histoires sont très fortes : lire le journal intime d'un français devenu SS par conviction et chargé du camp d'extermination Sobibor a quelque chose d'extrêmement dérangeant. De même, le récit de la vie quotidienne d'une adolescente anorexique puis boulimique est très poignant. La description des scènes où elle se fait vomir est vraiment très forte. Le parallèle, implicite, entre la maigreur d'Emma et celle des Juifs des camps nous saute aux yeux.
Au-delà d'un énième livre sur la Seconde Guerre Mondiale, c'est surtout un livre sur la mémoire et sur les secrets de famille qui peuvent détruire de l'intérieur. Emma devine qu'une chose horrible est cachée et cela la rend malade car elle pense que sa confiance a été trompée. Un(e) autre aurait pu réagir différemment mais on sait quand même qu'il n'est pas bon de cacher des choses aux enfants, car ils se rendent souvent compte qu'il y a un non-dit.
La fin, ponctuée de rebondissements, m'a parue très intéressante. Un débat pourrait d'ailleurs être mené avec les élèves (en ecjs ?), du genre "Pourquoi dénoncer un crime dont on a connaissance, même si le coupable est un ami/un membre de la famille ?", "Pourquoi dénoncer un crime qui s'est déroulé il y a très longtemps ?", "Quelle est l'importance de la vérité ?" ...
Cette édition, spécialement éditée pour l'étude en classe de français au niveau 3ème, propose, outre les traditionnels dossiers et arrêts sur lecture, trois reproductions en couleurs pour la lecture d'image et l'histoire des arts :
-Une photographie de l'arrivée de déportés à Auschwitz en 1944.
-Une photographie d'une oeuvre d'art située à Jérusalem : Nandor Glid, aux victimes des camps de concentration.
-Une planche de Tardi parue dans Libération du 27/01/2000.
A noter que le roman a d'abord été publié en 2003 dans l'excellente collection Scripto.
A partir de la 4ème ou même de la 3ème (mieux vaut avoir des connaissances historiques pour bien comprendre).
+ d'infos :
-Une analyse sur le site Littérature jeunesse de Lille 3
-Une proposition de séquence pour des seconde BEP