TrOis fOis Elle

2 octobre 2024

Trois fois Elle
d'Anne Loyer

Ed. Slalom
2024 / 272 p. / 17,95€

Le résumé de l'éditeur : En 1972, Renée a à peine 18 ans et de grandes ambitions : elle vient d’entrer à la Sorbonne et veut étudier, profiter de la vie, des opportunités, et surtout écrire… Mais cette nouvelle liberté, comme celle d’aimer et de disposer de son corps, est stoppée brutalement : le choix, on ne le lui laissera pas vraiment.
En 1992, sa fille Sylvie a tout pour réussir, pourtant ses rêves sont bien loin de ceux de Renée… et de ce que la société attend d’une jeune femme de son âge. Elle va devoir s’affranchir des désirs des autres pour voir les siens fleurir.
En 2022, Maxime formera le trait d’union entre sa mère et sa grand-mère. Héritière de ces femmes inspirantes, forte de leurs combats et de ses propres convictions, elle tracera à son tour sa voie.

Une fresque familiale poignante sur les espoirs et les rêves de femmes qui se heurtent aux injonctions de la société mais aussi aux attentes des générations précédentes.

Mon avis : Dans Trois fois Elle, le lecteur ou la lectrice va découvrir le portrait de trois femmes. Trois générations qui se succèdent et qui symbolisent chacune leur époque. Le roman est donc composé de trois partie qui s'attache pour chacune d'elle à présenter cette femme, puis sa relation avec l'autre ou les autres.

Dans la première partie, on suit Renée, 17 ans, qui vient d'entrer à la Sorbonne, au moment même ou commence le procès de Bobigny avec Gisèle Halimi. Renée ne rêve que d'étudier même l'écho de ce procès pour défendre le droit à l'avortement est sur toutes les lèvres et l'amène à rencontrer un jeune avocat. [surligner la suite pour lire : attention spoil !] Rapidement, Renée tombe enceinte et tente d'avorter illégalement. Alors qu'elle manque de mourir, son bébé et elle sont sauvés.

Vingt ans plus tard, on découvre Sylvie, la fille de Renée. Celle-ci a grandi sous le joug parental. Une mère féministe qui attend de sa fille qu'elle fasse de grandes études et qu'elle soit libre de toute entrave, comme elle le rêvait pour elle-même. Mais Sylvie est différente de Renée. Son rêve à elle, c'est d'être coiffeuse et d'avoir rapidement des enfants. Renée et Sylvie ne se comprennent plus...

Enfin, la troisième partie est consacrée à Maxime, la fille de Sylvie. Maxime aussi a grandit libre, mais d'une toute autre façon. Sylvie a élevé ses enfants en contradiction avec la façon dont elle-même avait été élevée. Or Maxime va devoir se faire son propre chemin, entre une grand-mère qui l'adore parce qu'elle lui ressemble, et une mère qui l'aime d'un amour inconditionnel parce qu'elle est sa fille. Maxime, elle, rêve encore d'autre chose. [surligner la suite pour lire : attention spoil !] Elle est engagée pour la planète, et ne souhaite pas avoir d'enfants. Pourtant, ce n'est pas facile d'expliquer ça aux deux femmes qui l'entourent et qui ne se supportent pas.

J'ai beaucoup aimé cette lecture ! On découvre les combats féministe de chaque génération : le droit à l'avortement, la bataille pour l'égalité des sexes, la liberté comme mode de vie, l'engagement écologique... C'est un roman qui permet de réunir tout cela et voir que le combat est long et qu'il n'est pas terminé. J'ai bien aimé que chaque femme soit "l'héroïne" pendant le temps d'une partie puis plus du tout la partie suivante. Alors qu'on vibre avec Renée au début, on se prend à la détester dans la deuxième partie. Parce que le point de vue est différent, parce que chacun évolue, aussi, au fil des années. Il y a les idéaux de la jeunesse et la vie quotidienne qui prend le dessus au fil du temps.

C'est un roman vraiment très intéressant et passionnant, à découvrir dès le milieu du collège.

D'Anne Loyer, j'ai déjà présenté Calamity Jane l'indomptable, Ada Lovelace la visionnaire, Vers le vrai, Izzy Nobody, Celle que je suis, La marque et Filles uniques.

+ d'infos :
-La présentation de l'éditeur