Les errantes
Les errantes
de Jo Witek
Ed. Actes sud
2022 / 320 p. / 16,50€
Le résumé de l'éditeur : Suzanne, une streameuse survoltée et volontaire, chassée de chez elle ; Saskia, une artiste en devenir découragée par un galeriste méprisant ; Anne-Lise, une fille de bonne famille vivant une spiritualité en décalage avec son époque. Ces trois jeunes femmes cohabitent, d’abord sans se connaître, au dernier étage d’un immeuble bourgeois. Mais peu à peu, des apparitions fantomatiques perturbent le jeu-vidéo de l’une, un esprit s’invite dans la chambre de l’autre, et des voix envahissent le cerveau de la troisième. L’irrationnel, le surnaturel, l’épouvante vont les réunir. Jo Witek tisse des liens entre le présent et le passé de fortes figures féminines et nous emporte dans un thriller déroutant sous les toits de Paris.
Mon avis : Les histoires de fantômes, très peu pour moi. Ce n'est vraiment pas un genre que je recherche, les dernières histoires à faire peur que j'ai dû lire doivent être les Chair de poule de mon adolescence. Alors ouvrir Les errantes pour le Défi Babelio, c'était vraiment sortir de ma zone de confort ! J'ai heureusement été intriguée par l'autrice, Jo Witek, que j'aime beaucoup.
Alors c'est parti pour cette lecture, même si la couverture fait flipper... Et puis finalement, Les errantes est un page turner de dingue ! Peut-être la lecture du Défi Babelio que j'ai préféré ! Parce que oui c'est une histoire pleine de fantômes, mais c'est avant tout une histoire de sororité et de féminisme, et bien sûr, ça ça m'a plu !
Le lecteur va découvrir trois jeunes filles sur lesquelles la narration va alterner chapitre après chapitre. Au début, on ne comprend pas ce qui les unis car elle ne se connaissent pas. Suzanne, 22 ans, est une streameuse de génie qui vient de se faire virer de chez son père et aménage dans un petit studio. Elle a de plus en plus de followers et espère bien pouvoir en vivre. Saskia est estonienne et vit à Paris pour suivre un master d'art. Au début de l'histoire, elle rencontre un galériste qui lui explique que ce qu'elle produit est sans intérêt. Enfin, Anne-Lise est une adolescente de 16 ans en conflit avec ceux qui l'entoure. Très croyante, elle s'est éloignée de l'Eglise catholique et avec Elle de sa famille, pour vivre une vie monacale dans une petite chambre de bonne dans l'immeuble de ses riches parents. Au lycée, elle est rejetée par tous tant ses aspirations sont différentes.
Rapidement, le lecteur comprend que quelque chose ne va pas. L'ambiance est lourde : Saskia détruit toute son œuvre et ne croit plus en elle-même, Suzanne déprime seule dans sa petite chambre et Anne-Lise semble de plus en plus en plein délire mystique. Et puis les phénomènes étranges arrivent petit-à-petit : Saskia découvre que le fantôme d'une femme l'accompagne où qu'elle aille, Anne-Lise entend des voix féminines qui chantent des Ave Maria et un bug apparaît dans le jeu en live de Suzanne, un bug qui prend l'image d'une femme qui semble l'attirer dans le jeu...
Les trois femmes, qui habitent sur le même palier, vont vite être complètement dépassées par les événements. Elles n'auront pas d'autre choix que d'apprendre à se connaître, à se faire confiance, pour essayer de comprendre ce qui leur arrive. Et pour cela, elle vont devoir comprendre qui sont ces femmes qui essayent d'entrer en contact avec elles et comment elles peuvent s'en libérer.
Je ne vais pas donner davantage de détails pour ne pas spoiler, mais il est ici question de condition féminine et de sororité. Il y a bien sûr l'amitié, très forte, qui va vite être évidente entre les trois femmes qui pourtant ne se ressemblent absolument pas. Mais aussi la sororité plus générale, avec les femmes fantômes et ce qui les a amené à errer. Différentes époques, différentes histoires seront évoquées, mais toujours avec en arrière plan la domination masculine, le patriarcat, qui de tout temps ou presque, a voulu maîtriser et museler les femmes.
J'ai beaucoup aimé la façon dont le récit est raconté, je me suis plongée dans l'histoire sans pouvoir la lâcher (et contrairement à ce que je pensais ça ne fait pas peur). J'ai aimé les trois jeunes femmes, leurs différences. J'ai trouvé intéressant de montrer qu'on peut tous être différents, avoir des attirances pour des choses qui n'ont aucun rapport, mais pour autant être amies. J'ai bien sûr préféré le personnage de Suzanne qui est une jeune fille résolument moderne, comme celle de SLAY.
Bref, j'ai adoré et je pense que je n'aurai absolument aucune difficulté à les conseiller à certains de mes élèves !
Toutefois, je suis quand même un peu étonnée du choix de ce titre pour le Défi Babelio Ado, je trouve qu'il y a des scènes particulièrement difficiles pour des élèves de 5ème (par exemple chez le gynécologue).
De Jo Witek, j'ai déjà présenté pas mal de titres différents.
+ d'infos :
-La présentation de l'éditeur
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