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"GénéralisatiOn de l'éducatiOn aux Médias et à l'InformatiOn"
"Généralisation de l'éducation aux médias et à l'information", c'est le nom de cette nouvelle circulaire publiée hier, le 27 janvier 2022.
On peut la trouver ICI.
Bien entendu, tous les professeurs-documentalistes se sentent concernés, mais force est de constater que leur présence est peu attendue ici. Ils ne sont cités qu'une seule fois :
"Transversal, l'apprentissage des médias et de l'information se déploie tout au long de la scolarité, du cycle 2 au lycée, dans tous les enseignements, notamment par le biais des professeurs documentalistes."
-_-
Je ne vais pas tout détailler et commenter, je vous laisse lire et vous faire votre opinion. Quelques points que, personnellement, j'ai retenus :
La circulaire est en deux parties (enfin 4 mais ça donne l'impression de 2) :
-Inscrire l'EMI au cœur du projet éducatif de l'école (avec "structurer le pilotage" et "de nouvelles ressources à disposition")
-Une webradio, un parrain : créer une webradio dans chaque collège
La première partie est du basique, rien de nouveau pour les profs-docs : les médias sont de plus en plus présents, bla bla, ils faut former les élèves, bla bla, l'EMI s'inscrit à la fois dans le socle commun, dans le parcours citoyen et dans le parcours d'éducation artistique et culturelle, les compétences transversales sont multiples, bla bla...
Un référent EMI académique sera nommé pour piloter tout ça.
Les nouvelles ressources disponibles sont le vademecum EMI (j'en reparlerai plus bas), Le site du CLEMI qui va être rénové.
-_-
La deuxième partie est consacrée à la Webradio, et c'est là que ça se corse - selon moi !
Nouvelle lubie du ministre : la Webradio ! Pourquoi ? On ne sait pas, mais c'est comme ça (sûrement la mode des podcasts ?) Avec la réforme du collège de 2016, il devenait obligatoire de mettre en place un média scolaire dans chaque établissement (j'avais râlé mais au moins on avait le choix), maintenant c'est plus restreint puisqu'il s'agit d'une webradio.
Plusieurs fois il est répété que cela doit se faire dans le premier semestre de 2022, donc dès cette année, comme si on n'avait pas déjà 1/Des projets en cours, 2/Un budget 2022 voté !
Si on a déjà un autre projet média, on arrête ? on fait en plus ? on modifie ?
Une première phrase me gêne beaucoup :
"Compte tenu des possibilités qu'offre une webradio sans nécessiter de notions techniques trop complexes, l'objectif est de soutenir, dès le premier semestre 2022, la création d'une webradio dans chaque collège qui n'en serait pas déjà équipé, sur la base du volontariat et de l'identification de territoires prioritaires en matière d'accompagnement par les équipes académiques."
-"sans nécessiter de notions techniques trop complexes" : désolée mais moi je n'y connais absolument rien en webradio donc ça pourra pas se faire sans formation (oh ! wait ! les formations sont annulées pour toute l'année ! - En plus c'est une formation que j'ai déjà demandée mais qui m'a été refusée 2 fois)
-"la création d'une webradio dans chaque collège" : donc c'est obligatoire, partout ??
-"sur la base du volontariat" : heu... donc ce n'est pas obligatoire ?
-"sur la base [...] de l'identification de territoires prioritaires" : donc on doit déposer un dossier quelque part ? Qui va choisir ? On aura vraiment la réponse dans le premier semestre 2022 ?? (jamais vu ça !)
"Chaque webradio sera adossée à un partenariat avec la presse écrite, locale, régionale ou nationale, ainsi qu'avec les acteurs de l'audiovisuel."
> Bon, pourquoi pas, c'est toujours bien de travailler avec des journalistes. Bon, j'attends de voir quand même. Est-ce qu'on aura une liste ? Est-ce qu'on devra trouver pas nous-même ? Je travaille à 60km d'un vrai média... est-ce que les journalistes vont vraiment se déplacer ? J'attends de voir...
"L'équipement nécessaire à une webradio sera inscrit dans le socle numérique de base des collèges par la direction du numérique pour l'éducation (DNE) à partir de janvier 2022 pour aménager un studio média dans une salle spécifique avec a minima :
- logiciels d'enregistrement libres/spécialisés ;
- téléphone mobile ou tablette connectée à une table de mixage pour transmettre des sons préenregistrés ;
- micros, casques et enceintes."
> Alors là ça m'énerve BEAUCOUP ! De nombreux collèges n'ont pas de salle à consacrer à ça !! Dans mes deux précédents collèges on se battait pour trouver des salles pour le moindre projet, pour pouvoir faire un foyer et/ou un bureau de rencontres de parents et/ou autre chose... C'est compliqué, les murs ne sont pas extensibles.
Dans mon collège actuel, ouvert en septembre, je sais déjà qu'il n'y aura pas de salle à y consacrer. A moins de sacrifier quelque chose qui nous sert comme le foyer ou le bureau de rencontre des parents justement. Les département ne pensent JAMAIS (bon j'ai pas vérifié partout mais j'en suis quasi sure) à faire des salles en plus, qui pourraient être utiles pour tel ou tel projet. Actuellement on fait les CA et Conseils de classe dans la salle de perm et on accueille les plus gros groupes au self.
"Le délégué régional au numérique éducatif est chargé d'accélérer le déploiement des webradios [...], de s'assurer de la disponibilité des moyens à y consacrer, en liaison étroite avec les conseils départementaux en charge de l'équipement des collèges. Pour les autres territoires, un appel à projets national soutiendra les projets des collèges qui réaliseront de premières acquisitions. La subvention de l'État sera plafonnée à 700 euros par collège. "
> Honnêtement, je ne sais pas du tout ce que ça veut dire... Tout ce que je sais c'est que j'ai un budget livres minuscule pour la création d'un CDI, donc qu'on ne vienne pas me demander de rogner sur ça pour acheter du matériel !
-_-
Voilà pour la circulaire... Attendons maintenant de voir comment ça va se traduire dans les établissements. Mais il paraît évident que :
>Certains Chefs vont mettre la pression pour qu'une webradio se monte rapidement
>Le budget, les formations, les parrains n'arriveront pas aussi vite que prévus
>Les profs-docs seront soit totalement missionnés pour cela, soit mis de côté si d'autres collègues se lancent seuls (et pourquoi pas d'ailleurs !) Mais j'ai peur que la webradio devienne la vitrine qui invisibilise tout le reste du travail du prof-doc en EMI.
Et puis il y a aussi des établissements qui ont déjà une webradio et pour qui probablement rien ne va changer...
Je vais passer maintenant à la lecture du Vademecum (90 pages) qui est également sorti cette semaine. Il est composé de trois parties :
-Notions et enjeux de l'EMI
-L'EMI au cœur du projet éducatif et des enseignements
-Des exemples de séquences pédagogiques et d'actions éducatives en faveur de l'EMI
En voici un petit résumé et quelques commentaires de ma part :
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Dès l'introduction l'EMI est placée comme "éducation à", c'est-à-dire transversal et comprenant savoir, savoir-faire et savoir-être.
Puis un rappel de ce que sont les médias : audiovisuel (radio, télé, presse écrite), mais aussi tout ce qui touche à Internet.
"L’EMI est confrontée, non seulement à la mutation «passée» des médias, mais aussi à leur mutation «permanente» et aux tensions systémiques, dans l’ordre des savoirs et du jugement, qui en résultent."
Un joli résumé :
"L’EMI n’a donc pas à proprement parler un objet ; elle vise à éclairer le paysage informationnel dans lequel évoluent les élèves – enfants, adolescents, jeunes adultes –, qu’il s’agisse de leurs relations au monde de l’école, de leurs relations interpersonnelles ou sociales, enfin de leur ouverture au monde des adultes chargés de les accueillir et qui déjà, au plan des médias et de l’information, exerce son emprise sur eux."
-_-
La Première partie commence par un aperçu historique de l'éducation avec les/aux médias depuis les années 1960, avec un rappel des derniers textes, puis s'attache à expliquer dans les détails les médias et leur évolution, ainsi que la consommation qui en est faite.
"Dans le 2d degré, tous les professeurs, dont les professeurs documentalistes, veillent collectivement à l’EMI, en se référant aux 27 compétences du cycle 4"
"Composante à part entière du statut de citoyen dans les démocraties modernes, l’esprit critique serait la compétence éducative la plus importante du 21e siècle selon l’OCDE [...] En EMI, elle se traduit par la «capacité à avoir une lecture distanciée des contenus et des formes médiatiques au sein desquels l’esprit doit discerner (c’est l’étymologie du mot « critique ») pour mieux juger24 » l’information. Elle se conjugue avec la culture des sources qui engage dans un doute constructif et émancipateur."
"La mise en œuvre de l’EMI reposant sur les pédagogies de l’action et de projet qui utilisent les processus introspectif, créatif, collaboratif et de questionnement de l’élève pour lui faire prendre conscience de ses choix, valeurs et comportements ne fait que le confirmer."
-_-
La Deuxième partie s'attache davantage à l'enseignement de l'EMI.
"Un des enjeux de l’éducation aux médias et à l’information est de réussir une mobilisation de toute la communauté enseignante et éducative, qui partage une responsabilité collective dans sa mise en œuvre" > Oui, comme toutes les "éducation à", partagés par tous mais aussi bien souvent délaissées parce qu'on ne peut pas tout faire !
"Trop souvent, les actions sont émiettées et isolées, ce qui donne lieu à une perte d’efficience dans le parcours de formation de l’élève. [...] Les projets portés en école ou en établissement qui ne visent qu’un petit nombre ne sont en général que peu efficaces. Il conviendra de porter des actions généralistes et pas uniquement symboliques. L’éducation aux médias et à l’information ne saurait également être inscrite dans une courte durée mais se doit d’être pensée selon une temporalité pluriannuelle." > Oui, ok, une solution : PLUS DE POSTES DE PROFS-DOCS !!!
"Il est aussi important de rappeler que l’intervention des partenaires ne se substitue pas au droit commun mais vient en complément de l’action de l’éducation nationale. Les enseignants responsables des projets devront privilégier la co-intervention et ne pas confier les élèves à la seule expertise des partenaires." > A rappeler aux collègues qui font venir des intervenants en se disant que tout le job est fait.
"Ce travail réalisé en amont créera les conditions favorables à la mise en œuvre concrète des actions par les acteurs centraux de l’EMI que sont les professeurs documentalistes dans le second degré." (p.28) > A quand même !! > Toute la page 28 est consacrée aux profs-docs.
"L’EMI a aussi toute sa place dans un projet de vie scolaire." > Je crois que c'est la première fois que je le vois écrit si clairement.
"Ce parcours peut être rythmé par des temps forts, comme la Semaine de la presse et des médias à l’école qui a lieu traditionnellement au mois de mars." > Je trouve cette phrase contradictoire avec le texte, plus haut, qui dit qu'il ne faut pas faire du saupoudrage mais un travail sur le long terme.
"Cela sous-entend une approche spiralaire des apprentissages, appuyée sur un travail sur des savoirs, compétences et connaissances précisément identifiés à chaque étape. La progression valorise un appui sur les acquis des étapes précédentes et ouvre des prolongements pour les suivantes, jusqu’à atteindre le degré de maîtrise attendu à la fin d’un cycle de formation. Au collège et au lycée, ce travail de l’équipe pédagogique et éducative permet au professeur documentaliste de remplir pleinement sa mission de maîtrise d’œuvre pour identifier et formaliser le parcours de formation dans lequel les séquences pédagogiques vont s’inscrire." > C'est bien beau, mais je rappelle qu'il n'y a (la plupart du temps) qu'un seul prof-doc pour tout l'établissement !
"Sans que cette approche soit exclusive, à l’instar de l’EMC, l’EMI se prête à une pédagogie de projet conçue autour d’objectifs ciblés en termes d’apprentissages inscrits dans une démarche pluri ou interdisciplinaire et construite sur une temporalité qui facilite le caractère progressif des acquisitions. Identifier et indiquer aux élèves la compétence centrale qui sera travaillée et sera au cœur de l’évaluation. [...] Penser l’articulation entre la compétence EMI et les connaissances travaillées (disciplinaires, de spécialité ou info-documentaires); pour le professeur documentaliste, travailler sur la façon dont le travail peut s’inscrire dans la didactique de la discipline enseignée. Organiser les modalités de travail (travail en îlots, en autonomie, classe inversée…) et les supports utilisés."
Pour finir, un petit topo sur PIX, partie prenante de l'EMI.
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La Troisième partie est consacrée à des exemples de séquences, elles sont organisées autour de 9 thématiques :
-La production d'information
-Recherche, traitement et évaluation de l'information
-Désinformation
-Hiérarchisation et éditorialisation
-Liberté d'expression : enjeux et limites
-Economie et mutation des médias
-Représentations et stéréotypes de genre dans les médias
-Données
-Sciences, technologies et médias
Chaque proposition de séquence est résumée en quelques lignes et un lien permet d'accéder à l'ensemble de la séquence sur le site du CLEMI.
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Pour conclure, ce (gros) dossier n'apporte rien de neuf aux professeurs-documentalistes, probablement les seuls profs qui prendront le temps de le lire (bon ok, d'autres profs pourraient être intéressés mais ça ne sera pas la majorité).
Donc est-ce qu'il va changer quelque chose ? Tout au plus, il pourra peut-être être un texte sur lequel les profs-docs pourront s'appuyer pour demander des heures, des projets, auprès de leur Direction.
L'avez-vous lu ? Qu'en avez-vous pensé ?
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