Le jOur Où je suis mOrt, et les suivants

Le jour où je suis mort, et les suivants
de Sandrine Beau

Ed. Alice
Coll. Tertio
2020 / 200 p. / 12€

Le résumé de l'éditeur : Un roman qui lève le tabou sur les violences sexuelles dont peuvent être victimes les jeunes garçons.

Lenny, Saphir, Biscotte et Esteban sont quatre jeunes garçons, chacun en prise avec un mal-être qu’ils tentent tant bien que mal de dire ou au contraire de cacher. Un mal commun que chacun extériorisera différemment et dont on mesurera l’ampleur et les conséquences en s’immergeant dans le quotidien et l’intimité de ces quatre jeunes garçons, en fait victimes de violences sexuelles.

Mon avis : Je savais que ce livre serait difficile, mais là c'est vraiment une claque ! J'ai lu ce livre d'une traite et je l'ai terminé en pleurs, et j'ai eu du mal à passer à autre chose tant il est bouleversant. 

Dans ce roman, Sandrine Beau met en scène 4 garçons : Lenny, Saphir, Biscotte et Esteban. Leurs trajectoires sont parallèles mais ne se croisent pas, sauf à la toute fin. Chaque chapitre présente un des quatre et on passe de l'un à l'autre. On suit leur évolution, parfois sur quelques mois, parfois sur quelques années. Leurs situations sont différentes et pourtant si proches qu'on peut avoir tendance à les confondre. 

Petit-à-petit, les personnages se dévoilent et le lecteur comprend qu'ils sont victimes de pédophilie. L'enjeu de la parole est présent tout du long. Comment parler pour que tout s'arrête ? Comment parler pour diminuer la douleur ? Comment parler pour être compris par sa famille ? Comment parler pour aller de l'avant ? 

Esteban est un personnage différent, adulte. Esteban a été victime de pédophilie pendant son adolescence, et après différents errements, il y a eu le courage de parler, de porter plainte. Il a créé une association et se rend dans les écoles pour en parler. C'est Esteban qui sera le lien entre Lenny, Saphir et Biscotte. Esteban, s'il est fictif, est inspiré de Sébastien Boueilh qui a créé l'association Colosse aux pieds d'argile. A la fin de l'ouvrage plusieurs pages présentent les associations à contacter.

C'est un roman fort et puissant, un roman nécessaire sur un sujet encore trop tabou alors qu'il concerne pourtant tant d'enfants. Ce roman pourrait aider certaines victimes, mais aussi d'autres lecteurs à être une oreille attentive si l'occasion se présente.

Petite parenthèse pour dire que j'ai vraiment beaucoup aimé la façon dont était décrite la prof-doc (qui fait une très courte apparition), merci Sandrine Beau !

Enfin, pour la première fois en tant que prof-doc, je me demande si je ne vais pas faire usage des Trigger Warning vis-à-vis de ce livre au CDI. Je trouve que c'est important d'avoir des livres sur ce sujet, des romans notamment. Mais c'est une lecture vraiment pas anodine et je crois que le lecteur doit être averti de ce qui l'attend. Or honnêtement au moment des prêts je suis parfois débordée donc je peux laisser passer sans me rendre compte qu'un livre est sorti alors que j'avais prévu de prévenir le lecteur. Du coup je pense mettre un petit mot sur la couverture ou sur la première page. Vous avez déjà fait ça ??

La première page

De Sandrine Beau, j'ai déjà présenté Traquées !, La cascadeuse des nuages, La porte de la salle de bain, Mademoiselle Alice et le cinéma, et des nouvelles dans La revanche des princesses et 16 nuances de première fois. J'ai aussi travaillé avec Sandrine Beau dans le cadre d'un projet il y a quelques années (elle était venue rencontrer les élèves). 

+ d'infos :
-La présentation de l'éditeur
-L'avis de Nouveautés littérature jeunesse