Libérées : le cOmbat féministe se gagne devant le panier de linge sale

Libérées
Le combat féministe se gagne devant le panier de linge sale
de Titiou Lecoq

Ed. Fayard
17 € / 2017 / 237 p.

La 4ème de couverture : "Un jour, je me suis demandée  : pourquoi est-ce moi qui ramasse les affaires qui traînent  ? Je n’ai trouvé qu’une seule réponse. Parce que je suis une femme qui vit avec un homme et deux enfants et que, conséquemment, les corvées, c’est pour ma gueule.
Être une femme, ce n’est pas seulement l’idéal de minceur et de cheveux qui brillent, c’est le souci permanent des autres et du foyer, c’est être sans cesse ramenée à la saleté, aux taches, à la morve.  L’égalité serait déjà là, mais les femmes conservent la conviction intérieure qu’elles doivent s’occuper de tout et tout le monde, et d’elles en dernier, s’il reste cinq minutes à la fin de leur triple journée.
Cette féminisation de la sphère privée implique une autre conséquence : l’espace public est toujours masculin. Peut-on se dire égaux quand la moitié de la population adapte ses vêtements en fonction des transports et fait attention à ne pas être seule la nuit dans la rue ? Et si le combat féministe devait encore et toujours se jouer dans la vie quotidienne de chacune et chacun, chez soi, dans sa propre maison, devant le panier de linge sale  ?"

Mon avis : Après ma lecture des Morues il y a plusieurs années, je savais que Libérées... me plairait forcément ! Voici un essai féministe vraiment facile à lire (lu d'une traite dans la journée) qui s'applique à décortiquer notre vie quotidienne pour voir là où ça coince. Tout part de cette chaussette abandonnée par son homme que l'autrice s'éfforce de ramasser chaque jour ou presque. Pourquoi est-ce à elle de le faire ? Pourquoi cette chaussette n'est pas rangée ? Que se passerait-il si elle ne la ramassait pas ? L'autrice se pose un nombre conséquent de questions tout en essayant d'y trouver des réponses. Et chaque question en amenant une autre, le propos évolue de la charge mentale aux transports en communs en passant par l'éducation des enfants par exemple. 

Je ne vais pas faire une longue chronique car j'ai tellement aimé tout ce que j'ai lu car je ne saurai le résumer. Je ne peux que vous conseiller de vous jeter sur cet ouvrage ! 

Comme à mon habitude, j'ai corné de nombreuses pages, voici quelques citations :

"L'égalité homme/femme à la maison, c'est donc aussi une question environnementale." (p.23)

"Evidemment, plus on met en commun, plus la charge mentale des femmes augmente.
En réalité, elle est présente avant même la constitution du couple. Pour la femme, il faut penser à s'épiler, se morigéner parce qu'on ne l'a pas fait, trouver le bon moment. Ce qu'on appelle les diktats de l'apparence physique, et qui pèse sur les femmes très tô dans leur vie, relève déjà d'une forme de charge mentale à laquelle les hommes ne sont pas (encore) soumis. Et le pire, c'est qu'on essaie, et on arrive, à nous faire croire que ces impératifs répondent à nos besoins profonds, qu'ils sont une chance pour s'épanouir, et pas du tout un poids qui alourdit nos journées." (p.31)

"Malheureusement il existe des arrêts de travail, mais pas d'arrêt de maison." (p.36)

"On peut aimer cuisiner mais en avoir ras le cul de cuisiner tous les soirs en rentrant à la maison." (p.55)

"Il semblerait que ce problème de disponibilité trouve sa source dans le rapport de chaque genre entre travail et enfant. [...] Les pères travaillent, mais ils perçoivent cet investissement comme bénéfique à leurs enfants. Il leur sert à subvenir à leurs besoins, [...] A l'inverse, pour les femmes, il y a cncurence entre travail et maternité une tension qui crée souffrance et culpabilité. Les femmes ne vivent jamais leur travail professionnel comme du temps parental indirect, mais plutôt comme du temps volé à leur enfant" (p.80)

De Titiou Lecoq j'avais déjà présenté le superbe Les Morues. 

+ d'infos :
-La présentation de l'éditeur
-Le site de l'autrice

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