Frangine
Frangine
de Marion Brunet
Ed. Sarbacane
Coll. X'
14,90 € / 2013 / 262 p.
La 4ème de couverture : "Il faut que je vous dise...
J'aimerai annoncer que je suis le héros de cette histoire, mais ce serait faux. Je ne suis qu'un morceau du gâteau, même pas la cerise. Je suis un bout du tout, un quart de la famille. Laquelle est mon nid, mon univers depuis l'enfance, et mes racines, même coupées.
Tandis que ma frangine découvrait
le monde
le cruel
le normal
et la guerre,
ma mère et ma mère, chacune pour soi mais ensemble, vivaient de leur côté des heures délicates.
C'est à moi que revient de conter nos quatre chemins.
Comment comprendre, sinon ?"
Mon avis : Voici un petit bijou dont j'avais beaucoup entendu parler et que je suis contente d'avoir enfin lu (mais pourquoi ai-je donc tant attendu !?)
Joachim et Pauline ont deux mamans. Leur père, ils ne le connaissent pas, c'est un donneur de sperme en Belgique. Pour autant, ils ne se sont jamais vraiment posé de questions. Mais quand Pauline entre au lycée et que les autres élèves commencent à la harceler à cause de ses parents, toutes ses certitudes volent en éclat. Alors que Joachim, en terminale, n'a jamais eu à souffrir du regard des autres, Pauline est beaucoup plus en difficulté. Elle se renferme sur elle-même et semble s'éteindre petit-à-petit. Heureusement, son frère est attentif et fera tout pour l'aider à remonter la pente.
Le narrateur est Joachim. Il ne se place pas vraiment au centre du récit. C'est plutôt la famille qui est au centre, les liens entre chaque membre. Entre le frère et la soeur, entre les deux mères, entre les mères et leurs enfants, mais aussi entre les petits-enfants et leurs grands-parents.
Ce roman nous présente une histoire somme toute assez simple. Pas de grande tragédie ni de drame, seulement la vie quotidienne, qui est parfois belle mais parfois très dure. Les personnages avancent et font des choix, parfois difficiles mais toujours assumés.
Au-delà de la réflexion sur l'homoparentalité et sur le harcèlement, de nombreux thèmes intéressants sont traités en arrière-plan. Les relations familliales au sens large et les choix de vie, les classes sociales, la fin de l'adolescence, le métier d'éducateur...
J'ai vraiment adoré ce roman, que je trouve frais et qui se lit d'une traite. Seul bémol pour moi : la couverture qui ne me plaît pas du tout. Je trouve qu'elle fait très vieillote par son côté sepia, elle donne l'impression que l'histoire va se passer à une autre époque, alors que ce n'est pas le cas.
"Au début, Maline aimait vraiment son boulot. Avec le temps, l'envie s'est... érodée je suppose. Oui, voilà. La lassitude a pris le pas sur l'énergie, le désir d'aider." (p.30)
"C'est drôle de marcher dans les couloirs pendant les heures de cours. On se déplace sans bruit. Au travers des murs, on entend résonner la voix d'un prof, le bordel dans une classe, parfois le silence total d'interro-surprise. On sait que dans la demi-heure le vacarme sera assourdissant. La sonnerie, les cris, les noms hurlés, les rires, les insultes. Mais pour l'instant, c'est encore flottant, comme un lieu familier qui n'est pas celui que l'on connaît, auquel il manque quelque chose pour être vraiment ce lieu-là." (p.73)
"Cela dit, une chose que je n'oublierais pas : un prof reste un prof, et son rayon d'action est de toute façon limité, en l'occurence à quelques heures par semaine." (p.91)
"-Je ne sais plus quoi faire, Papa. Pour mon boulot, je veux dire. J'y arrive plus. Ca me touche terriblement de ne plus y arriver. J'ai l'impression que je deviens égoïste. Je ne sais plus si ça me touche trop ou si au contraire ça ne me touche plus du tout... comme si j'étais devenue insensible. Ou que j'avais perdu tout courage pour affronter les trucs moches. Papa, j'ai envie de détourner le regard, tu imagines ?" (p.151)
"En fait, j'avais prévu de ne pas trop m'intéresser à elle. Mais en me voyant, elle émet des gazouillis joyeux et elle remus les doigts. Alors je dis :
-Bon d'accord, on n'a qu'à la ramener à la maison." (p.262)
+ d'infos :
-La présentation de l'éditeur
-L'avis de Orbe
-L'avis de LéaTouchBook