La Belle et la Bête
La Belle et la Bête
de Madame de Villeneuve
Ed. Gallimard
Coll. Folio
Coll. Femmes de lettres
2 € / 2014 / 135 p.
La 4ème de couverture : «Le monstre se fit entendre. Un bruit effroyable, causé par le poids énorme de son corps, par le cliquetis terrible de ses écailles et par des hurlements affreux, annonça son arrivée. En voyant approcher la Bête, qu'elle ne put envisager sans frémir en elle-même, la Belle avança d'un pas ferme, et d'un air modeste salua fort respectueusement la Bête. Cette démarche plut au monstre. Se retournant vers la Belle, il lui dit : "Bonsoir, la Belle".»
Mon avis : J'avais acheté ce petit livre il y a longtemps, étant motivée par l'envie de découvrir le véritable texte d'un conte dont on entend beaucoup parler ces dernières années. Bien sûr, l'éditeur a sorti le livre avec, en couverture, les acteurs du film, chose que je déteste mais à cette époque il n'y avait pas d'autre couverture disponible.
A la lecture, il faut se rappeler qu'il s'agit d'un texte de 1740 (même si je ne doute pas que l'éditeur a fait un travail de remise au goût du jour, notamment probablement de l'orthographe). Il s'agit donc d'un texte compliqué à lire, avec des phrases à rallonge complexes et des mots de vocabulaire utilisés dans un sens qui n'est plus utilisé aujourd'hui. Je l'avoue, j'ai eu du mal avec cette lecture. J'ai souvent dû relire plusieurs fois les mêmes phrases pour comprendre. Je lis souvent avec du bruit autour (mon fils qui joue, la télé allumée...) d'habitude ça ne me pose aucun problème mais là ça a été vraiment compliqué et j'ai mis près de cinq jours à le lire !!
L'histoire est bien loin de celle que l'on a connu dans notre enfance. Point d'objets personnifiés, point de miroir magique, point de rose qui maintient la Bête en vie... Il y a de la magie, certes, mais de la magie créée par de bonnes et de mauvaises fées. La première moitié correspond (de loin) à l'histoire que l'on connaît : Le père de Belle est fait prisonnier d'un château gouverné par la Bête. Cette dernière lui promet la liberté en échange de sa fille. Celle-ci vient de bonne grâce puisqu'elle peut ainsi sauver son père. Alors qu'elle est horrifiée par la Bête, elle va quand même apprendre à le connaître et accepter de l'épouser, ce qui lèvera le maléfice et transformera la Bête en beau Prince. Mais c'est là que commence la deuxième moitié du récit, moitié que l'on ne connaît quasiment pas. La Bête et la bonne fée vont expliquer toute l'histoire de la métamorphose, mais également le passé de Belle qui va se révéler être une Princesse bien qu'elle l'ignorait.
J'ai trouvé ce récit très long. Notamment la deuxième partie qui m'a profondément ennuyée et que j'ai trouvé bien trop rocambolesque. Beaucoup de personnages secondaires, surtout chez les fées, je suis bien incapable d'expliquer dans les détails ce qui a amené Belle où elle est.
Ce texte est le miroir de la vision d'une époque bien révolue ! Il est beaucoup questions des strates de la société. Notamment autour du mariage du Prince et de Belle. Même si tous les deux sont amoureux, la Reine (la mère du Prince), mais Belle également, ne peuvent se résoudre à ce mariage car elle n'est que fille de marchand. Ça serait un trop grand déshonneur ! De même, il est indiqué plusieurs fois que les femmes ont forcément un esprit faible et que la beauté extérieure correspond obligatoirement à la beauté intérieure. Les personnes laides étant obligatoirement les méchants de l'histoire.
"Par une force d'esprit qui n'est pas ordinaire à son sexe, elle sut cacher sa douleur" (p.21)
"Je ne puis m'empêcher de vous représenter le bizarre assemblage du plus beau sang du monde dont mon fils est issu, avec le sang obscur, d'où sort la personne à qui vous le voulez unir. Je vous avoue que je suis peu flattée du prétendu bonheur de ce prince, s'il le faut acheter par une alliance aussi honteuse pour nous et aussi indigne de lui." (p.92)
"Je fus ravie de connaître que les plus cruels revers n'avaient point été capables d'altérer sa tranquilité. [...] j'avais le plaisir de voir qu'elle avait des sentiments dignes de sa naissance." (p.124)
Pour conclure, je suis contente d'avoir découvert le texte d'origine mais il ne faudrait pas que je lise ce genre de récit tous les jours ! ;-)
La couverture est l'affiche du film de Christophe Gans sorti en 2014 avec Léa Seydoux et Vincent Cassel. Je n'ai pas vu ce film mais le pitch parait beaucoup plus proche de ce texte que celui du film de Bill Condon (produit par Disney) sorti en 2017 avec Emma Watson, qui, lui, reprend davantage le scénario du dessin-animé de Disney et qui est bien loin du texte d'origine (que j'ai vu et qui correspond au manga de chez Nobi Nobi). Je n'ai pas lu la version de Mme Leprince de Beaumont, peut-être que les Disney s'en inspire ?
Le film de 2014 - Le film de 2017
+ d'infos :
-La présentation de l'éditeur
Catégorie Animal : BÊTE (ligne générale 1)