#Bleue

29 mars 2016

#Bleue
de Florence Hinckel

Ed. Syros
Coll. Soon
15,90€ / 2015 / 254 p.

La 4ème de couverture : Silas vit dans une société où tout est fait pour vivre sereinement. Chaque jour, la Cellule d’Éradication de la Douleur Émotionnelle efface les souvenirs douloureux. Plus de deuil ou de dépression, juste un point bleu au poignet comme signe d’une souffrance évitée. Sur le Réseau, les gens partagent tous leurs faits et gestes, « veillant » les uns sur les autres. Silas est un grand romantique : il préfère garder pour lui les moments intenses de sa relation avec l’incandescente Astrid… Mais quand sa petite amie se fait renverser par une voiture, il est immédiatement emmené par les agents de la CEDE. Pour oublier.

Mon avis : Une belle histoire d'amour et d'anticipation, qui fait pas mal réfléchir sur notre société actuelle.
Le récit de ce roman est composé de 3 parties pour lesquelles le narrateur change à chaque fois. C'est d'abord Silas qui raconte. Puis Astrid prend sa place pour raconter sa version des faits. Enfin, Silas reprend la main pour conclure l'histoire. Il s'agit donc d'un roman à la première personne mais qui permet quand même de voir plusieurs points de vue. C'est assez intéressant car on se rend compte, et c'est assez réaliste, qu'on se trompe parfois/souvent sur les sentiments des gens.

Tout le côté "science-fiction" est vraiment pas mal car il n'est pas loin du tout de notre présent. La réflexion sur les Réseaux Sociaux est très forte : dans le monde de #Bleue, tout le monde doit être connecté au "Réseau", à peine est-il autorisé de se déconnecter pour dormir. Le Réseau permet de savoir tout sur tout le monde, et de pousser chacun à penser de la même façon : les publicités sont par exemples omniprésentes et leurs jingles bien ancrés dans les têtes des personnages. Il est souvent rappelé qu'ils vivent toujours en démocratie, que chacun est libre. Car le système est bien plus insidieux d'une simple dictature.

Et puis il y a l'autre sujet du roman, la CEDE, la Cellule d'Eradication de la Douleur Emmotionnelle. Lorsqu'une personne souffre trop, on lui propose de lui effacer cette douleur. Le souvenir est toujours là, mais pas là douleur. En théorie. Et si ce procédé est sur la base du volontariat pour les adultes, il ne l'est pas pour les mineurs. Chacun peut demander à ce qu'un mineur passe par la CEDE s'il s'apperçoit qu'il souffre. Cela est au centre du récit, car les douleur d'une émotion ne fait-elle pas partie de la nature humaine ? Sommes-nous toujours humains si nous ne la ressentons plus ?

Un très beau roman, avec du suspens et des émotions ! Peut être un peut rapide sur la fin, il aurait mérité quelques pages supplémentaires pour faire une conclusion un peu plus poussée. Mais cela ne gâche en rien cette belle lecture !

Tout à fait adapté à un CDI de collège !

"En effet, je suis sans doute stupide de ne pas passer par la CEDE. Mes collègues le pensent. Le proviseur, également. Et aussi celui de l'établissement dans lequel je désirerais être mutée. Tu sais que c'est devenu un critère de recrutement ? Posséder au moins un point bleu sur le poignet droit. Sans cela, on est soupçonné d'imbécilité et de faiblesse. Sans compter qu'on risque d'être absent plus souvent, puisqu'on accepte de laisser à la douleur le temps de s'épanouir avant qu'elle ne disparaisse." (p.51)

"Il paraît qu'on disait la même chose du Réseau avant. On déplorait que certains y passent trop de temps. On disait qu'ils ne vivaient pas vraiment. Mais aujourd'hui on y passe tout notre temps ! C'est devenu notre vie." (p.121)

"Je n'avais jamais vu les choses de cette manière. Après tout, aurait-on l'idée de parler de totalitarisme à cause des vaccins obligatoires ? Il s'agit de notre santé et de notre bien-être!" (p.141)

#Bleue sera dans la sélection 5è/4è du prix des incorruptibles 2016-2017. Un très bon choix !

+ d'infos :
-Le site de Florence Hinckel
-La présentation de l'éditeur
-L'avis de Sophie Hérisson
-L'avis d'Orbe
-L'avis de Lireetclaire
-L'avis de Doc Bird
-L'avis de Takalirsa