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18 septembre 2015

Clés pOur favOriser l'apprentissage et améliOrer le climat scOlaire

Daniel Favre, chercheur réputé de l'université de Montpellier a choisi notre établissement pour faire un projet de classe (pourquoi nous ? Aucune idée !) Daniel Favre est donc venu faire une conférence à l'ensemble des personnels sur une matinée puis une formation, restreinte à l'équipe de profs de la classe de sixièmes concernés (la 6ème "empathie" comme en a décidé la Chef) sur plusieurs jours étalés dans l'année. Cette formation était ouverte aux volontaires mais comme elle comporte un certains nombre de mercredi toute la journée et que je travaille pas du tout le mercredi, ça m'a paru trop compliqué.

Cela dit, la conférence à laquelle j'ai assisté était déjà très intéressante, c'est pourquoi j'ai voulu vous en faire un compte-rendu ici. Ce n'est qu'un transfert de mes notes, j'espère avoir été juste dans ce que j'ai noté, mais ça allait vite parfois, je vous demande donc d'etre indulgents ! (notamment au niveau du plan qui m'a totalement échappé).

Deux points de présentation avant le début du propos

-Daniel Favre a étudié le cerveau et montré qu'il n'est jamais figé, qu'il continue d'évoluer tout au long de la vie. Cette idée va à l'encontre des conceptions des élèves qui mettent leurs difficultés sur le fait d'avoir un mauvais cerveau. Il faut leur expliquer que non. 

-Daniel Favre étudie la dimension affective dans l'apprentissage, il est impliqué dans la formation des enseignants. 

Contexte de la recherche sur la violence et l'échec scolaire depuis 1994 :

-Étape 1 : Étude des liens entre violence, affectivité et cognition : un portrait multidimensionnel de l'adolescent violent. 

  • Il y a une forte corrélation entre "agressivité pathologique" et "anxiété dépression" d'une part et le mode de traitement dogmatique des informations d'autre part. L'agressivité est une pulsion intrinsèque comme la faim. Elle est associée à la colère. Elle se développe quand l'intégrité physique, physiologique et/ou territoriale est en danger. C'est une mesure indirecte de la sécurité de l'élève. L'anxiété depression est peu souvent détectée chez l'adolescent car il est dans l'agressivité alors que souvent un dépressif est en retrait des autres. C'est corrélé au fait que ces élèves transforment une façon de faire en dogme. Donc ces élèves ont plus de mal à apprendre car pour apprendre il faut changer sa façon de penser (mais quand c'est un dogme c'est plus dur à changer).
  • La violence correspond à un comportement addictif associé à des difficultés d'apprentissage et à un déficit d'autorégulation. Un élève violent a besoin d'être violent pour être plus fort que les autres. Pour se sentir bien il a besoin de voir les autres se sentir faibles et comme tout comportement addictif, la violence lui permet de se sentir mieux. 

-Etape 2 : Mise au point d'un atelier de communication annuel pour les adolescents les plus violents dans le but de développer leur autorégulation. 

  • Diminution de moitié de l'agressivité et des deux autres variables corrélées. 
  • La violence et l'échec scolaire sont réversibles. 
  • MAIS, au vu des difficultés pour obtenir ces résultats, on comprend que c'est compliqué et qu'il faut avant tout former les enseignants. Comment ?

-Etape 3 : Utilisation et construction d'outils pour mesurer indirectement la violence chez les jeunes. 

  • Mise au point et valisation d'un test pour mesurer l'empathie (réfléchie) et la distinguer de la contagion émotionnelle (inconsciente) et de la coupure par rapport aux émotions (test CEC)
    => L'augmentation de l'empathie est corrélée avec la réussite en français.
    => La coupure avec les émotions est corrélée à l'échec scolaire. 

-Etape 4 : La formation des enseignants

  • Dans les classes où les enseignants sont formés, augmentaion de 80% de l'empathie (école primaire ZEP).
  • Augmentation de l'empathie surtout chez les 6ème-5ème et chez les filles. 

-Formation de 50H sur deux ans en 6 axes : 

  • Une meilleure gestion par l'élève des nécessaires destabilisations cognitives et affectives. 
  • "décontaminer" l'erreur de la faute.
  • Construire un mode d'autorité distinct de la domination-soumission.
  • Choisir l'affirmation de soi non-violente, l'écoute, l'empathie et renoncer à la manipulation. 
    L'empathie n'est pas vouloir le bien d'autrui, c'est comprendre ce que l'autre ressent (cf Le Corbeau et le Renard).
  • Associer transmission des savoirs et sociabilisation des  élèves. 
  • Dépasser un conflit de valeurs de notre société et favoriser l'émergence de l'humain.

Voir le livre Transformer la volence des élèves

Présentation du schéma du cerveau :

sch_ma_cerveau


Toute pensée est associée à un ressenti. Si l'enseignant donne un message unique, beaucoup d'élèves ne l'entendent pas, et c'est donc source d'échec scolaire. Les expériences vécues conditionnent les apprentissages. 

-Nécessité d'une modelisation des motivations humaines

  • Les théories behavioristes ne privilégient pas que les motivations extrinsèques d'un individu. Il n'y a pas de "bonnes" et de "mauvaises" notes mais des notes "hautes" ou "basses". 
  • Certains courants de la psychologie humaniste (Massenot) tendent à reconnaître chez l'être humain la pulsion intrinsèque de développement. Un bébé de 0 à 3 ans est intéressé par tout, il est curieux sans avoir besoin de récompense. 
  • Théorie psychanalytique

Modélisation des motivations

  • Système de motivation de sécurisation
  • Système de motivation d'innovation
  • Système de motivation de sécurisation parasitée, d'addiction

-Le système de motivation de sécurisation : SM1

  • Le premier système de motivation permet de satisfaire les besoins biologiques et physiologiques fondamentaux, tels que le besoin de reconnaissance, celui d'être accepté tel que je suis, un "sujet en devenir"... C'est "la part du Colibri"
  • Dans un système de satisfaction / frustration, on a besoin d'autrui pour satisfaire nos besoins, le sujet est en "référence externe".
  • Le SM1 fonctionne dans les situations en relation. 

-Le système de motivation d'innovation (SM2)

  • Il permet d'avoir du plaisir ou de la frustration en « référence interne » dans les situations de résolution de problème, dans la rencontre avec les autres qui sont différents de nous, dans l'acquisition de nouvelles compétences dans un gain d'autonomie.
  • Conduit à l'autonomie et la responsabilité.
  • Motive l'exploration, la rencontre avec les autres différents de soi.
  • SM1 et SM2 sont complémentaires : c'est lorsque l'on se sent en sécurité que l'on peut apprendre.

 -Le système de motivation de sécurisation parasitée (SM1P)

  • Ce système de motivation est une hypertrophie du premier.
  • Plaisir et frustration s'expriment ici dans la recherche active (inconsciente) de la dépendance.
  • L'autre est transformé en objet pour satisfaire un besoin hypertrophié.
  • Le SM1P s'oppose aux apprentissages.
  • Pourquoi le fait de dire/penser « je suis nul » est-il jubilatoire pour un élève ? Parce que ce ça le dispense à vie de faire un effort dans ce domaine.

syst_me_motivation

Il faut prendre en compte la dimension affective de l'apprentissage.

  • L'apprentissage n'est possible qu'avec une déstabilisation cognitive et affective.
  • La correction d'un exercice ne sert à rien : ceux qui ont compris n'en ont pas besoin, les autres ça leur sert d'illusion. Il faut leur donner un autre exercice (= individualisation).
  • On augmente l'anxiété si on menace donc c'est contre-productif.
  • Il faut rendre possible l'essai-erreur mais il faut une feuille de route pour individualiser le parcours de chaque élève.
  • Accompagner les élèves dans leurs apprentissages = marcher à côté
  • Attention à ne pas trop féliciter ou récompenser les élèves qui ont réussi car ils ne doivent pas travailler pour la récompense.

Accompagner l'apprentissage

  • Faire en sorte que l'élève se sente en sécurité durant cet apprentissage. Enlever toute moquerie, pas de jugement, pas de contrôle mais de l'évaluation formative qui peut aussi être notée.
  • L'élève n'est pas ce qu'il produit (exemple : le producteur de patates n'est pas une patate). Il y a une déconstruction à faire (il n'y a pas de mauvais élève) : l'élève a produit les résultats attendus ou pas encore. Mais ne pas dire « c'est bon, c'est excellent ». pas de régime de carotte !
  • Faire sentir à l'élève qu'il est accepté avec un « postulat de cohérence ».

Postulat de cohérence : chacun a de bonnes raisons de penser ce qu'il pense, de dire ce qu'il dit, de faire ce qu'il fait et surtout de ressentir ce qu'il ressent (il n'y a pas de « bonne excuse »).

Instaurer des limites, des règles et des interdits.

  • Le postulat permet d'accepter de manière inconditionnelle l'élève comme une personne.
  • Mais tous les comportements ne sont pas acceptables, la limite acceptable ou non dépend de nos valeurs collectives et personnelles.
  • Limites, règles et interdits explicites aident l'élève.

Séparer dans le temps :

  • La logique de régulation (l'erreur permet de progresser quand on a compris comment on l'a produite).
  • La logique de contrôle (évaluation sommative car la note représente un écart à la norme).
  • Actuellement le système éducatif est dans le contrôle continu donc comme les deux logiques ne sont pas séparées, c'est source d'angoisse.

Décontaminer l'erreur de la faute

  • Séparer l'erreur du registre du Mal et vérifier que cette séparation est faite chez l'élève.
  • La note n'est pas bonne ou mauvaise, elle est haute ou basse.
  • Pourquoi dit-on « faute d'orthographe » ? Ce sont des erreurs !
  • Faute = impardonnable

Note ou pas note ?

  • Le problème vient de la conception de l'erreur que la note véhicule.
  • Les seules évaluations acceptables sont les évaluations diagnostique, formative et sommative. Les autres sont contre-productive (pour faire plaisir, pour ajouter des points, pour se rattraper...)
  • La note peut être une information intéressante ou un écart à la norme.

Inciter l'élève à fonctionner dans le registre du non dogmatique.

  • Valoriser la période de déstabilisation cognitive. Ils adorent le co-apprentissage.
  • Laisser du temps (on ne tire pas sur les laitues pour les faire pousser)
  • Donner l'exemple d'un adulte qui explicite, précise sa pensée, retient son jugement, fait des hypothèses, valorise plus les questions que les réponses.
  • L'élève ne peut pas s'identifier à un adulte parfait.

Réussite aux apprentissages ou violence ?

  • Partager la responsabilité de la réussite. On est un allié de l'élève.
  • La loi française dit qu'on ne peut pas obliger quelqu'un à travailler.
  • Désigner un but commun mais qui peut être remis en question par l'élève, futur citoyen.
  • Se préparer à ce que l'élève dise non. S'il a le droit de dire non, c'est le plus sûr moyen pour qu'un jour il dise oui.
  • Indicateur pour être sûr que ça marche : quand l'élève demande des exercices supplémentaires, quand on choisi la date du contrôle ensemble.  

 

Pour en savoir plus, lire le livre de Daniel Favre : Cessons de démotiver les élèves : 19 clés pour favoriser l'apprentissage (réédition 2015 avec la 19ème clé). 

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Commentaires
M
Merci pour ce compte-rendu, c'est très intéressant et je prends note de la référence du livre ! <br /> <br /> Le seul point qui me fait tiquer est le conseil de ne pas trop féliciter un élève qui obtient un bon résultat afin de ne pas l'encourager à travailler pour la récompense. J'entends bien l'argument mais je pense aussi que valoriser l'effort fait, surtout quand l'élève est fragile, est un encouragement à poursuivre cet effort et je pense, à tort peut-être, que les élèves ont aussi besoin de cela.
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