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23 avril 2014

Cris

9782742745999Cris
de Laurent Gaudé

Ed. Actes sud
Coll. Babel
2001 / 125 p. / 6,60€

La 4ème de couverture : Ils se nomment Marius, Boris, Ripoll, Rénier, Barboni ou M’Bossolo. Dans les tranchées où ils se terrent, dans les boyaux d’où ils s’élancent selon le flux et le reflux des assauts, ils partagent l’insoutenable fraternité de la guerre de 1914. Loin devant eux, un gazé agonise. Plus loin encore retentit l’horrible cri de ce soldat fou qu’ils imaginent perdu entre les deux lignes du front : "l’homme-cochon". A l’arrière, Jules, le permissionnaire, s’éloigne vers la vie normale, mais les voix des compagnons d’armes le poursuivent avec acharnement. Elles s’élèvent comme un chant, comme un mémorial de douleur et de tragique solidarité, prenant en charge collectivement une narration incantatoire, qui nous plonge, nous aussi, dans l’immédiate instantanéité des combats, avec une densité sonore et une véracité saisissantes.

Mon avis : Cris est un petit roman, presque même une pièce de théâtre dans laquelle se succèderaient les monologues d'une petite dizaine de personnages. Plus ou moins longs (entre quelques lignes et deux pages), ces monologues alternent entre les personnages et permettent au lecteur de comprendre la chronologie de l'histoire et les faits, parfois racontés par plusieurs points de vue. Laurent Gaudé nous donne ici sa vision de la Première Guerre Mondiale : une vision noire, très noire, tragique, sans espoir. Dans ce récit, c'est presque une chance de mourir au combat. Les rescapés n'en sont pas vraiment. Devenus fous ils perdent totalement la tête, s'isolent, font des choses qui paraissent absurdes à ceux qui les observent. Le plus tragique est qu'il n'y a pas d'échappatoire.

Les "cris" sont omniprésents : cris des soldats partant à l'assaut, cris des blessés, cris des gazés, cris de cet "homme-cochon", sorte de légende qui hante la ligne de front, cris que les permissionnaires ne peuvent s'empêcher d'entendre dans leur tête... C'est la cacophonie pour les soldats qui n'ont plus le droit au repos, sauf s'il est éternel.

Un magnifique petit roman, comme tout ce qui sort de l'imagination de Laurent Gaudé. Cris n'est pas un roman historique nous apportant des éléments précis sur cette période. C'est un roman qui nous fait ressentir les émotions des poilus, et c'est bien suffisant pour comprendre cette guerre.

"RIPOLL
Je ne peux pas dire combien de temps cela dura. Plusieurs heures peut-être. Je n'ai vécu que de cinq secondes en cinq secondes. L'explosion, le soulagement, l'attente et l'explosion à nouveau. Chacune de ces cinq secondes m'a fait vieillir plus sûrement qu'une vie." (p.89)

"CASTELLAC
[...] C'est là que Barboni s'est mis à rire. D'un rire colossal. Il a hurlé quelques mots d'allemand que je ne comprenais pas et puis il s'est mis à rire. En disant qu'ils avaient déguerpi. Que tout le monde était crevé. Que ces salauds-là en avaient eu pour leur compte. Et il riait à gorge déployée. Mais cela avait des accents de cris de rage. Et lorsqu'il s'est arrêté, son visage était si convulsé que j'ai cru qu'il allait éclater en sanglots. Mais il n'en a rien fait. Il a tenu." (p.47)

 

93401072_to_resize_150x3000+ d'infos :
-La présentation de l'éditeur

Ce billet participe au challenge de Stéphie "une année en 14" (11)

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Commentaires
0
On n'est jamais déçu avec lui !!
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P
Oui ! Ce n'est pas mon préféré mais c'est quand même SUPER bien ! ;-)
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N
Encore un très beau texte de Gaudé...!
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