17 mars 2014
Un sOir de décembre
Un soir de décembre
de Delphine de Vigan
Ed. Points
6,30€ / 195 p. / 2005
La 4ème de couverture : Quarante-cinq ans, une femme, deux enfants, une vie confortable, et soudain l'envie d'écrire, le premier roman, le succès, les lettres d'admirateurs... Parmi ces lettres, celles de Sara, empreintes d'une passion ancienne qu'il croyait avoir oubliée. Et qui va tout bouleverser. Au creux du désir, l'écriture sur la trajectoire de la mémoire, violente, instinctive - et trompeuse.
Mon avis : J'ai découvert Delphine de Vigan cet été avec Les Heures souterraines, et j'avais très envie de lire un nouveau roman d'elle. Un soir de décembre a été à la hauteur de mes attentes ! Delphine de Vigan sait à merveille retranscrire le désir de l'autre mais aussi quelque chose d'indescriptible entre la langueur, la dépression et la nostalgie. Le lecteur oscille lui aussi entre ces sentiments lorsqu'il est plongé dans le roman car le texte est très fort et nous coupe de l'extérieur. Le personnage principal pense avoir une vie intéressante et banale en même temps. Il dit qu'il est un homme à femme mais qu'il a trouvé "la bonne" et que sans savoir réellement pourquoi, il sait qu'Elise est celle qu'il lui faut. Tout semble se passer au mieux jusqu'à ce qu'il reçoive la lettre d'une ex-petite amie qui l'a reconnue à la télé lorsqu'il faisait la promotion de son roman. A partir de là, il va vivre une sorte de descente aux Enfers. Cerné de doutes, il va tout remettre en question sans pour autant réussir à faire des choix. Pendant environ un an, toute sa vie va se dégrader, jusqu'à un point de non retour. Mais ce qui est fabuleux, c'est qu'il ne se passe pratiquement rien dans ce roman. En fait, tout se passe dans la tête du personnage et ce qui se passe dans sa tête va influencer sur sa vie et celle de ses proches. Une sorte de dépression va s'emparer de lui, comme pour l'héroïne des Heures souterraines. Le lecteur n'en ressortira pas indemne. Heureusement, la fin permet une petite touche d'espoir.
Un vrai bon roman !
"Matthieu reste là, incrédule sous le néon, prenant apui sur le lavabo, incapable de se détacher de sa propre image. Il a besoin d'un peu de temps pour s'habituer. Il a vieilli, bien au-delà de ce qu'il imaginait. Son visage s'est affaissé, les rides ont creusé leur lit, nettes et précises. Il croyait que sa myopie n'opérait qu'au-delà d'une certaine distance. Quand chaque matin il observait son reflet dans la glace, il croyait y trouver son vrai visage.Mais quelques dizaines de centimètres suffisaient à altérer sa vision et pendant toutes ces années, dans le miroir, c'est un autre qu'il a vu." (p. 63)
"Il a besoin d'autre chose. De se mettre en danger." (p.115)
"Il voudrait lui dire combien il souffre de ne plus pouvoir la prendre dans ses bras, de ne plus pouvoir caresser ses cuisses à travers son collant, combien il souffre d'être là - à côté d'elle - et de ne plus pouvoir ouvrir la bouche quand elle l'embrasse." (p.125)
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