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Le blOg d'une petite nOisette professeure-documentaliste depuis 2008, passionnée de lecture, de culture et de tout ce qui touche au métier. Maman de Mini-Noisette (2015) et de Micro-Noisette (2019), je parle aussi des livres pour les plus petits.

13 septembre 2011

Dracula

img376Dracula
de Bram Stocker

Ed. J'ai lu
574 p. / offert par l'éditeur
publié pour la 1ère fois en 1897

La 4ème de couverture : En arrivant dans les Carpates, le clerc de notaire londonien Jonathan Harker est épuisé par son périple. Mais son client et son hôte, le comte Dracula, a tout prévu : une chambre lui a été retenue à l'auberge pour la nuit, en attendant de rejoindre le château en calèche. Mais pourquoi les habitants du village se signent-ils avec des mines épouvantées quand Jonathan leur dit où il compte se rendre ? Pourquoi lui fait-on cadeau d'un crucifix et de guirlandes d'ail ? Malgré ces mises en garde, Harker poursuit sa route. Certes, ces montagnes escarpées, ces loups qui hurlent dans le lointain ont de quoi faire frissoner. Mais enfin, tant de superstitions au coeur du XIXème siècle ! Jonathan est un homme raisonnable...

Mon avis : Qu'il était long ce livre !! Trois semaines pour le terminer, ça faisait longtemps que ça ne m'était pas arrivé ! Pourtant, je ne me suis jamais ennuyée pendant ma lecture. Découvrir l'histoire originelle, celle du vrai Dracula, est pasionnant. Le récit est entièrement constitué de quelques lettres et surtout d'extraits de journaux intimes (enfin pas si intimes puisque tout le monde les lit). On a plusieurs parties différentes mais ce n'est pas dit explicitement donc les transitions sont un peu brutes. La première partie se passe dans les Carpates où le lecteur découvre Jonathan Harker qui se rend chez le Comte Dracula et les évènements qui s'y passent. Puis on abandonne Jonathan pour retrouver sa fiancée, en Angleterre, qui s'inquiète car elle n'a plus de nouvelles de lui et parce que son amie Lucy semble malade. Ensuite les deux fiancés sont enfin réunis mais beaucoup d'évènements restent obscurs. Et pour finir, tout deux rejoignent un petit groupe qui va se mettre en chasse du Comte.

Nous n'avons donc pas un héros, mais toute une petite bande : Jonathan et sa fiancée Mina, le Dr. Seward, Arthur Godalming (le fiancé de Lucy, qui d'ailleurs au début du récit se nomme A. Holmwood - si quelqu'un a une explication ?!), Quincey Morris ainsi que le célèbre Dr. Van Helsing. J'ai été très étonnée de découvrir ce dernier. Je me souviens vaguement avoir vu le film éponyme (sorti en 2004) mais je ne savais pas du tout que c'était un personnage inventé par Bram Stocker. Ce qui m'a également étonnée c'est qu'en fait Dracula n'est pas du tout au centre du roman. Il n'en est pas le personnage principal et on le voit finalement très peu. Par contre les autres personnages parlent toujours de lui, où plutôt de ce qu'il a fait (parce qu'au début ils ne savent pas que c'est une personne qui a agit). Comme nous lisons différents journaux, ça permet de se faire une idée plus juste des évènements qui se passent, à travers les yeux de différents narrateurs.

Même si c'est un roman écrit au XIXème siècle, l'auteur n'a pas utilisé de longues descriptions, le récit est donc beaucoup plus fluide que ce à quoi je m'attendais. Il fait partie des romans néogothiques directement inspirés des auteurs du roman gothique anglais (fantastique) à l'image de Mary Shelley ou Ann Radcliffe. La première partie s'inscrit bien dans cette ambiance sombre, froide, étrange. Tous les gens que croise Jonathan dans les Carpates sont bizarres, le lecteur est vraiment introduit dans un monde étrange et dérangeant.

C'est une lecture qui m'a plu et que je conseille aux fans de vampire (pour découvrir l'origine!) et aux autres car ce n'est pas un roman de vampires comme on a l'habitude d'en voir de nos jours. L'histoire est captivante, les personnages sont attachants. Malheureusement, nous savons tout des vampires et c'est étrange du coup d'en savoir plus que les personnages - alors que ce n'est pas voulu par l'auteur il me semble - donc on a moins de suspens (ils mettent des dizaines de pages à découvrir que les deux petites marques rouges dans le cou sont peut-être des morsures !)

"Le château est une vraie prison, et j'y suis prisonnier !" (p.40)

Petit bémol, ce roman est d'un machisme incroyable ! Je sais qu'il faut le replacer dans son époque mais, pour n'en citer qu'une, Jane Austen est bien plus moderne dans sa représentation des relations hommes-femmes, alors que ses romans sont parus plus tôt. Quelques extraits :

"Mais je suppose que, dorénavant, la "nouvelle femme" ne consentira plus à ce que son rôle se borne seulement à accepter une demande en mariage; c'est elle qui la fera." (p.126)

"Mais alors, madame Mina, vous devez avoir une mémoire extraordinaire ! Cela se rencontre rarement chez les jeunes femmes." (p.257)

"Pourquoi me fut-il impossible de résister à la tentation de le mystifier un moment ? Je suppose que, nous les femmes, avons encore dans la bouche le goût de la pomme originelle." (p.257)

"Sans doute y a-t-il dans notre nature à nous, les femmes, quelque chose qui incite un homme à s'abandonner devant nous à son émotion, à sa douleur sans pour cela craindre de perdre sa dignité" (p.327)

"Chez toutes les femmes aussi, l'instinct maternel s'éveille dès que l'on fait appel à leur protection; je sentais cet homme qui sanglotait sur mon épaule, et j'avais l'impression que c'était le bébé que je porterais peut-être un jour" (p.327)

"Il n'y a qu'une femme pour adoucir le chagrin d'un homme." (p.329)

"Ah ! l'étonnante madame Mina ! Elle a véritablement le cerveau d'un homme - d'un homme qui serait extraordinairement doué - mais le coeur d'une femme !" (p.335)

"Nous sommes, nous, des hommes, capables de supporter les plus dures épreuves; mais vous, vous serez notre étoile et notre espoir, et nous agirons avec d'autant plus de liberté que nous saurons que vous êtes à l'abri de tout danger." (p.345)

J'ai un avis partagé sur la couverture. Je la trouve très belle mais totalement inadaptée. Il n'y a aucun jeune vampire dans Dracula. Elle n'est donc là que pour attirer le lecteur de Twilight et compagnie. C'est dommage...

"Sans aucun doute, les vampires existent" (p.338)

"Il y a un an d'ici, lequel d'entre nous aurait admis ce que nous savons maintenant, en ce XIXè siècle sceptique, positiviste, où l'esprit scientifique est tout-puissant ?" (p.341)

"Ce fut comme un miracle : oui, devant nos yeux et dans le temps d'un soupir, le corps tout entier se réduisit en poussière et disparut." (p.528)

+ d'infos :
-L'avis d'Enna
-L'avis de Stemilou
-L'avis de Meli
-L'avis de Skarn-sha
-L'avis d'Alexielle
-L'avis de Tigger Lilly
-L'avis de _Lou
-L'avis de Méloë

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Posté par petite noisette à 07:03 - 07. Livres & Lectures - Commentaires [3] - Permalien [#]

Commentaires sur Dracula

  • Ah oui en effet, beurk la couverture ! C'est ridicule de vouloir à tout prix y caser du vampire ado !

    Posté par Lucie, 15 septembre 2011 à 08:53 | | Répondre
  • N'empêche que ça fait vendre ! (Enfin celui-là était gratuit)

    Mais c'est comme lorsqu'ils ont mis un bandeau "le livre préféré d'Edward et Bella" sur Les Hauts de Hurlevent, il ne s'est jamais aussi bien vendu !

    Posté par Petite Noisette, 18 septembre 2011 à 10:57 | | Répondre
  • Tout à fait d'accord avec toi. Le choix de la couverture pour faire passer un classique pour un bit-lit afin de le vendre aux ado est vraiment dommage.

    C'est vrai aussi que le coté macho est trop présent. Mais rare était les œuvres d'avant-gardes dans ce domaine à cette époque.

    Ton article est excellent mais, si je peux te faire une suggestion, évites les citations en rouge. Avec le fond de ta page, ce n'est pas très lisible.

    Posté par Skarn-sha, 26 février 2012 à 11:40 | | Répondre
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