22 août 2010
Fahrenheit 451
Ed. Folio SF
1953 / 1995 nouvelle traduction
213 p. / 5,00 €
La 4ème de couverture : 451 degrés fahrenheit représentent la température à laquelle un livre s'enflamme et se consume. Dans cette société future où la lecture, source de questionnement et de réflexion, est considérée comme un acte antisocial, un corps spécial de pompiers est chargé de brûler tous les livres dont la détention est interdite pour le bien collectif. Le pompier Montag se met pourtant à rêver d'un monde différent, qui ne bannirait pas la littérature et l'imaginaire au profit d'un bonheur immédiatement consommable. Il devient dès lors un dangereux criminel, impitoyablement pourchassé par une société qui désavoue le passé.
Mon avis : Fahrenheit 451 était dans ma LAL depuis très très longtemps alors il était temps de me le procurer ! Beaucoup connaissent plus ou moins la trame du livre : dans un futur indéterminé, les livres sont interdits et on les brûle lorsqu'on en trouve encore. Et si le possesseur du livre ne veut pas le lâcher, on le brûle avec, aucune importance ! Fahrenheit 451 c'est avant tout un message. D'ailleurs la préface, rédigée par le nouveau traducteur, est très intéressante. Elle fait le parallèle entre ce roman et 1984, qui, bien que différents dans l'intrigue, sont très proches dans le message. Dans un monde où les "murs-écrans" (télévisions interactives qui prennent l'espace entier d'un mur) sont devenus les objets qu'il faut avoir, où les émissions toutes plus bêtes les unes que les autres disent aux téléspectateurs quoi penser, où on choisit le Président parce qu'il est le plus beau candidat... les gens n'ont plus le temps ni l'envie de réfléchir. L'important est de s'amuser, de ne jamais être seul ni dans le silence. Les "coquillages", sortes de radios-dés qui s'enfoncent dans les oreilles, permettent d'être relié au monde même lorsqu'on ne peut pas être devant un écran. Les guerres sont choses courantes dans ce monde. Mais attention ! Des guerres éclairs qui durent 48h maximum et où personne n'est jamais mort. Des guerres propres et nucléaires. On sent l'empreinte de la guerre froide dans l'esprit de Bradbury. Et encore aujourd'hui, ce refrain nous est familier. Combien de fois nous dit-on qu'une guerre est nécessaire et qu'elle sera propre ? Même si notre monde n'est pas comparable à celui de Fahrenheit 451, l'auteur nous crie de nous méfier, que si l'on n'est pas vigilants, nous pourrions évoluer vers ce genre de dérive.
Mais Fahrenheit 451, ce n'est pas qu'un message, c'est également un style. Bradbury écrit en utilisant multiples images et métaphores ("ce monde que j'ai sous les yeux ; la seule façon de le toucher vraiment est de le mettre là où il finira par être moi, dans mon sang, dans mes veines qui le brasseront mille, dix mille fois par jour." p.209) Son écriture est donc extrêmement poétique mais également complexe. L'histoire en elle-même n'est pas compliquée, mais c'est un livre qu'il faut prendre le temps de lire pour en comprendre toutes les subtilités et images langagières. La plupart du récit consiste en réflexions que se fait Montag. Du jour au lendemain, avec l'aide de sa voisine Clarisse, il s'aperçoit qu'il est peut-être dans le faux, que les livres ne sont peut-être pas néfastes et surtout qu'il n'est pas heureux. Il réfléchit donc beaucoup à tout cela et agit de façon irrationnelle sans réellement faire le choix de changer de camp. Jusqu'au moment où il n'a plus le choix et qu'il décide donc d'agir.
Bradbury ne défend pas tant les livres contre la télévision que la réflexion contre l'endormissement de l'esprit. Les livres permettent de prendre son temps, de réfléchir, mais on peut les fermer si on n'est pas d'accord avec ce qu'ils disent. Au contraire de la télévision qui va si vite qu'elle nous impose son point de vue sans qu'on ait le choix ni même le temps d'y réfléchir.
"Dix minutes après sa mort, l'homme n'est plus qu'un grain de poussière noire. N'épiloguons pas sur les individus à coups de memoriam. Oublions-les. Brûlons-les, brûlons tout. Le feu est clair, le feu est propre." (p.89)
"Est-ce que vous voyez maintenant d'où viennent la haine et la peur des livres ? Ils montrent les pores sur le visage de la vie. Les gens installés dans leur tranquillité ne veulent que des faces de lune bien lisses, sans pores, sans poils, sans expression." (p.116)
"Le téléviseur est "réel". Il est là, il a de la dimension. Il vous dit quoi penser, vous le hurle à la figure. Il doit avoir raison, tant il paraît avoir raison. Il vous précipite si vite vers ses propres conclusions que votre esprit n'a pas le temps de se récrier : "Quelle idiotie!" " (p. 116-117)
Le roman a été adapté au cinéma par François Truffaut en 1966, mais d'après les résumés que j'ai pu voir, la trame a dû être un peu changée. Une autre version devrait prochainement être tournée par Franck Darabont avec Tom Hanks dans le rôle titre.
+ d'infos :
-Une critique par François Brooks
-La critique d'Allie
-Une critique sur Le cri du lézard
-Une critique sur Le blog de Caro
question: Quelle différence entre ta "PAL" et ta "LAL"? Je ne suis pas très "accro" aux acronymes!