03 octobre 2009
Une cagnOtte pOur lutter cOntre l'absentéisme ?
L'annonce est tombée hier : l'académie de Créteil a choisi 3 lycées professionnels, et dans ceux-ci deux classes, pour participer à un projet expérimental.
Le projet : Une cagnotte collective de 2000€ sera attribuée à chaque classe. Un contrat d'assiduité et de discipline est passé entre la classe et l'équipe pédagogique. L'année est divisée en 4 périodes de 6 semaines (entre octobre et paques). A chaque période, la classe peut gagner jusqu'à 2000€ supplémentaires.
A la fin de l'année, la classe pourra donc avoir gagné 10 000€, qui devront servir pour un voyage scolaire ou tout autre projet éducatif.
Le barême comprendra des indicateurs de présence, de résultats scolaires, de discipline et d'orientation.
Le projet s'inscrit parmi les 165 projets retenus pour le lancement du fonds d'expérimentation pour la jeunesse (je particpe également à un de ces projets validés par le Haut Commissariat à la Jeunesse, j'en reparlerai).
Ce projet expérimental devra être étendu à la moitié des lycées professionnels de la région si l'expérience se révèle enrichissante.
Ce projet fait couler beaucoup d'encre. Jean-Paul Huchon, président de la région île-de-France, estime que cela pourra accroître le sentiment d'injustice entre les différentes classes d'un même établissement.
La FCPE est également contre. Elle rappelle que l'argent ne doit pas être un levier pour les élèves. La PEEP ne pense pas que ça soit une bonne solution : "Ils vont venir à l'école mais vont-ils travailler ?"
Au contraire, Jean-Michel Blanquer, recteur de l'académie de Créteil, estime qu'il s'agit de responsabiliser les élèves puisque 'la présence de tous contribue au succès de tous". Il se défend d'une attitude consumériste.
De nombreuses propositions avaient déjà été évoquées pour lutter contre l'absentéisme. Les premières étaient répressives (suppressions des allocations familiales), celle-ci est plus une récompense. Mais attention, ce ne sont pas les mêmes élèves qui sont touchés : les élèves de lycée professionnel, concernés par ce projet, doivent probablement avoir plus de 16 ans, leur scolarité n'est donc plus obligatoire. La suppression des allocations concerne les moins de 16 ans.
Meirieu, qui s'est exprimé sur le sujet, rappelle qu'il y a actuellement une "crise de la finalité" (les enfants ne comprennent pas pourquoi ils vont à l'école), mais pour autant, il pense que ce projet de cagnotte est une mauvaise solution : le principe d'une cagnotte collective correspond à celui de la punition collective, il entraîne donc des tensions entre les élèves.
Affaire à suivre...
+ d'infos :
-Une "cagnotte" pour lutter contre l'absentéisme scolaire (Le Monde, 02/10/09)
-Une cagnotte pour les lycéens qui ne sèchent plus les cours (Le Parisien, 02/10/09)
-En Angleterre, ça marche ! (Le Parisien, 02/10/09)
-Revue de presse du 2 octobre (Chronique Education, 02/10/09)
-"Une pente dangereuse" (Interview de Meirieu, Le Parisien, 02/10/09)
-A la bonne école, par Robert Solé (Le Monde, 02/10/09)
-Moins d'absentéisme sans payer les élèves, c'est possible ? (Rue 89, 02/10/09)
Commentaires sur Une cagnOtte pOur lutter cOntre l'absentéisme ?
- Comme d'habitude les médias caricaturent pour qu'on n'entende que ce qu'ils veulent.
Cependant, si les 10 000€ par classe allaient à payer des profs supplémentaires on aurait peut-être moins de problèmes d'élèves sans filière (dans mon acaémie aussi c'est une catastrophe, 50% de plus que l'année dernière).
Encore une mesure qui ne concerne qu'un petit nombre (du moins pour l'instant) et qui ne va pas régler les problèmes globaux...
Toutefois, je pense que c'est encore une mesure gadget comme toutes les mesures que prend le gouvernement. A se demander si le gouvernement n'a pas souhaité cette médiatisation pour montrer aux gens qu'il s'occupe de l'école...
L'absentéisme c'est un problème global qu'à mon avis on ne résoudra pas avec des cagnottes. La misère de l'enseignement professionnel est très grande en France, c'est vraiment le mal loti de l'enseignement dans notre pays. Je prends l'exemple de mon académie où des centaines d'élèves n'ont pas obtenu la filière qui correspondait à leur souhait. Faute de profs, de filières ouvertes, de prospective et de plan global digne de ce nom pour l'enseignement professionnel en France. Forcément, cela ne fait pas par la suite des élèves très motivés ou assidus.