ViOlence scOlaire

Le terme de "violence scolaire" est souvent porteur de nombreux clichés (ZEP / banlieue = violence ...). Une mise au point pour [tenter] d'éclaircir ce que signifie la violence scolaire :

Il est prouvé que le défaut d'autorité pédagogique facilite, voire provoque, la violence scolaire.

On peut citer plusieurs sociologues qui ont travaillé sur ce sujet:
     >Debarbieux : il fait l'hypothèse qu'il y a de la violence scolaire là où il y a des difficultés sociales et scolaires. Après des années de recherche, il conclue que son hypothèse est fausse.
     >Dubet : il fait une typologie de la violence scolaire:
          >la violence à l'extérieur de l'école
          >la violence dans l'école
          >la violence contre l'école
Selon lui, les 2 premiers cas ne doivent pas être dramatisés par l'école. Seul le 3ème cas doit réellement être pris en compte.
     >Bourdieu & Passeron : Ils inventent le terme de "violence symbolique", c'est-à-dire la violence engendrée par l'école. Toute violence vient d'une relation pédagogique dégradée.
     >Sibony : La violence vient de la fuite des profs face au conflit.
     >Baudry : il faut une conflictualisation, c'est-à-dire qu'il faut absolument faire émerger les conflits.
     >Durkheim : L'élève est toujours en position de faiblesse à l'école.
     >Peter Woods : il est nécessaire de reconnaître le pouvoir intellectuel des élèves car cela renforce la légitimité du prof.

Depuis la rentrée de septembre, 1900 cas de violence envers le personnel de l'éducation nationale ont déjà été recensés. Cependant, la majorité des violences ne vient pas des élèves, comme on pourrait le croire, mais de leurs parents!
Pour l'année scolaire 2006-2007, 1760 cas de violence envers les personnels de l'EN ont été recensés, contre 57 envers les élèves (par des profs).

Selon une enquête de 1992, 49% des collégiens et lycéens se sont sentis "parfois" ou "souvent" humiliés.

Depuis 2001, le logiciel SIGNA permet de synthétiser l'ensemble des actes de violence (pour en connaître le nombre et le type). 

+ d'infos :
>Libération : Une gifle à un élève envoie un professeur au tribunal 
>Libération : Hausse des violences envers les profs
>Sur le Café pédagogique : l'expresso du 5 février, celui du 4 février 
>Dossier web Sciences Humaines : La société, L'école et la violence =>
     >la violence scolaire de Vincent Troger (2006)
     >rencontre avec François Dubet. Ecole : la révolte des "vaincus"? Propos recueillis par Martine Fournier (2004)
     >pédagogie contre violence.Entretien avec Eric Debardieux. Propos recueillis par Martine Fournier
     >peut-on enseigner sans humilier? Entretien avec Pierre Merle. Propos recueillis par Vincent Troger (2005)
     >les tempêtes de l'adolescence par Nicole Catheline et Véronique Bedin (2007)
     >l'enfant violent : pourquoi, comment ? par Jean Dumas (2004)
     >"l'école est parfois un lieu d'amour déçu" Entretien avec Marie-Rose Moro propos recueillis par Vincent Troger (2006)
     >violences à l'école, question d'ambiance! par Sabrina Ranvier (2007)
>Le site de Daniel Sibony

Comments

[elo80]

Bonjour,

Je commence une licence en sciences de l'éducation (L3), je précise que j'ai changer d'orientation je viens d'un BTS compta.

Voilà,je voudrais savoir si j'ai bien compris ce qu'est la violence symbolique chez Bourdieu car je dois faire un petit commentaire a savoir si la violence symbolique s'applique ou pas au système scolaire ?

La violence symbolique est comme une violence physique mais cette violence est masquée, invisible.
Pour Bourdieu, il y a violence symbolique car inégalités dans le milieu scolaire (classes sociales,sexe,culture différentes.....)
Faut-il que je parle de la violence entre élèves et milieu pégagogique, entre éleves eux-mêmes, la violence parents-enfants ????

Merci

Elo80

[jmi]

La "violence symbolique" chez Bourdieu et Passeron est une violence invisible, et elle est d'autant plus insidieuse qu'elle est invisible. Par ailleurs, c'est une violence qui n'a pas d'auteur particulier mais qui est sociale, qui est propre au champ social, comme par exemple dans le domaine scolaire. De plus c'est une violence dont le corps social n'a pas conscience. Elle est invisible, anonyme, "inconsciente" d'où le qualificatif de "symbolique".
Voici ce que dit le petit résumé de chez Evène http://www.evene.fr/livres/livre/pierre-bourdieu-jean-claude-passeron-la-reproduction-10374.php à propos du livre de Bourdieu et Passeron, "La reproduction: éléments d'une théorie du système d'enseignement"
"[...]Cet ouvrage rend compte des processus de domination qui sont à l'oeuvre dans le domaine de l'éducation, dont la logique interne conduit à la reproduction des conditions sociales. En dépit de leur bonne volonté, les enseignants serait ainsi les vecteurs d'une "violence symbolique" qui tendrait implicitement à favoriser les déjà bien nantis...[...]
Ce qui veut dire, selon B.etP., que, malgré un idéal de démocratisation des savoirs, l'école reproduit - sans en avoir réellement conscience - les inégalités sociales natives, reproduit un certain nombre "d'habitus"(un habitus pour Bourdieu est un système de valeurs propre à un milieu, à une classe sociale donnée).
La notion de "capital symbolique" est également importante chez Bourdieu et est liée à celle de "violence symbolique", car le capital symbolique n'est pas seulement le capital scolaire mais c'est un capital social propre à un milieu donné(économique, culturel, relationnel...).
Pour terminer, petite définition de la violence symbolique par Bourdieu "himself":
"[...]La violence symbolique c'est cette violence qui extorque des soumissions qui ne sont même pas perçues comme telles en s'appuyant[pour cela] sur des croyances socialement inculquées[...]"
extrait de "Raison pratiques", 1994,p. 188.
http://www.homme-moderne.org/societe/socio/bourdieu/lexique/index.html
Voilà pour la précision!