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Le blOg d'une petite nOisette professeure-documentaliste depuis 2008, passionnée de lecture, de culture et de tout ce qui touche au métier. Maman de Mini-Noisette (2015) et de Micro-Noisette (2019), je parle aussi des livres pour les plus petits.

01 février 2008

Le culte de l'internet : une menace pOur le lien sOcial ?

DSCN0708Le Culte de l'Internet
Une menace pour le lien social ?

de Philippe Breton

2000, édition La Découverte

Constat : tout ce qui touche à Internet est l'objet d'une valorisation sans précédent sur le mode de la promesse d'un monde meilleur.

Idées clés:
>Utopie d'une société pacifiée. Pour communier, il faut communiquer, pour communiquer il faut se séparer. Le contenu de la communication est secondaire.
>L'alternative pour ou contre Internet est une fausse alternative. Il y a 3 positions :
     >les militants du tout Internet,
     >les technophobes,
     >les partisans d'un usage raisonné
>La cybernétique est inventée dans les années 1940 par Norbert Wiener. Selon lui, la société idéale devrait se construire autour de l'information.
>Le terme d'information est ambiguë entre réalité et vérité.
>L'idéal de transparence est consubstantiel au culte de l'information.
>Le culte de l'Internet implique de renoncer aux conflits, aux oppositions, à la division, à la critique, aux jeux de pouvoir.
>La distinction privé / public n'a plus cours sur Internet.
>Le refus de la loi va de pair avec le goût pour la règle, la procédure, l'algorithme, qui permettent l'autorégulation.
>L'univers des nouvelles technologies est indifférent à l'idée de Dieu. Mais la thématique du Bien et du Mal est elle très présente.
>L'invention du micro-ordinateur, dans les années 1970, a pour but de lutter contre le capitalisme et d'instaurer une contre-cuture faite de démocratie directe et d'échange permanent.
>Le culte de l'Internet est un culte du jeunisme et de la vitesse.
>Le culte de l'Internet propose d'enfermer chaque individu dans sa bulle pour prix d'une communion universelle enfin pacifiée. 

Beaucoup de références:  Armand Mattelard, Ignacio Ramonet (partisan d'un usage raisonné), David Lebreton, Mark Mery, Philippe Quéau (militant de la société de l'information), Jacques Ellul (technophobe), Pierre Levy (militant de la société de l'information), Paul Virilio (technophobe), Dominique Wolton (partisan d'un usage raisonné).

bio de Breton sur Blog-O-nOisettes

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Posté par petite noisette à 22:07 - 14. Internet & TICE - Commentaires [2] - Permalien [#]

Commentaires sur Le culte de l'internet : une menace pOur le lien sOcial ?

  • Joël de Rosnay, l'anti-Breton... et Wolton...

    Oui, j'aime beaucoup aussi la critique radicale de "l'homo communicans" que développe Philippe Breton, également dans un autre ouvrage intitulé "L'utopie de la communication: le mythe du village planétaire.".(Tu en parles toi aussi dans un précédent billet, j'ai consulté tes archives!).
    C'est bien simple, si l'on devait définir l'oeuvre de Philippe Breton, on pourrait dire que, point par point, son propos s'oppose à celui de Joël de Rosnay: Breton c'est l'anti Joël de Rosnay par excellence!
    Ainsi, Breton s'oppose à cette sorte d'idéologie du progrès par Internet et à cette croyance mêlée d'optimisme qu'Internet va faire émerger un nouvel humanisme, une nouvelle forme de citoyenneté, de démocratie et même de citoyenneté mondiale!
    Pour illustrer mes propos, je cite Joël de Rosnay qui a mis sur son site en exergue la phrase suivante tirée de son ouvrage "La révolte du pronétariat":
    "[...]Une nouvelle démocratie est en train de naître, inventée grâce aux nouvelles technologies ou médias des masses (Internet, blogs, SMS, chats…) par les citoyens du monde[...]"
    Devant cette idéologie progressiste de Joël de Rosnay concernant Internet, je me pose quand même un certain nombre de questions.
    N'y a-t-il pas dans les thèses de de Rosnay un certain aveuglement ainsi qu' un oubli manifeste des inégalités de développement de ce bas monde, je pense notamment aux conclusions alarmantes du dernier "Sommet mondial de la société de l'information" sur les inégalités et la fracture numérique grandissante dans le monde, que manifestement l'optimisme de de Rosnay semble occulter...

    Sinon,dans un autre ordre d'idée mais complémentaire à ce qui vient d'être dit, j'apprécie également la réflexion beaucoup moins radicale que celle de Ph. Breton, beaucoup plus posée, mais très lucide de Dominique Wolton(chercheur au CNRS comme Breton, fondateur du laboratoire "Communication et politique") sur les nouveaux enjeux et les nouveaux défis qu'engendre internet et la société de communication. Réflexion de Dominique Wolton que l'on peut trouver dans son ouvrage "Internet, et après", par exemple.
    Pour Dominique Wolton, Internet, loin de rapprocher les peuples dans une espèce de citoyenneté mondiale idéale et exempte de conflit(ce qui est la conception de notre futurologue internéto-optimiste Joël de Rosnay...)est au contraire une source de nouveaux défis pour les peuples. C'est tout à fait un phénomène optique au sens physique du terme, pour Dominique Wolton: plus internet rapproche les hommes(dans l'espace et dans le temps)plus les sources de conflit augmentent car plus les différences sont visibles: effet grossissant du rapprochement spatio-temporel, manque de perspective. C'est alors que, pour Dominique Wolton, l'humain devra prendre le relais de la machine et faire preuve de "tolérance" pour éviter les conflits et accepter les différences qui ont été grossies par le raccourcissement des distances spatio-temporelles.(Nous avons eu il y a quelque temps de cela une récente illustration des thèses de Dominique Wolton avec la fameuse affaire des caricatures de Mahomet qui s'est propagée à une vitesse folle sur le net et a montré,comment internet, loin de favoriser l'essor d'une société internationale pacifiée, en révèle au contraire les fractures, les fragilités et les suceptibilités à fleur de peau...)
    Et...pour en revenir à Joël de Rosnay(on va me dire que je lui en veux mais ça ne fait rien!), je viens d'ouvrir à l'instant "La révolte du pronétariat" http://www.pronetariat.com/livre/ au chapitre 1. Sous-titre du chapitre 1: la crise des médias traditionnels favorise la montée de ce qu'il appelle le "pronétariat".
    C'est l'autre grande idée de Joël de Rosnay: la prise de pouvoir par les pronétaires de nombreux domaines culturels, économiques, médiatiques, politiques ou scientifiques. Or la réalité et l'actualité montrent le contraire: si au départ on ne peut nier le côté novateur, collaboratif et désintéressé de ce que l'on appelle le web 2.0, ce sont tout de même toujours les mêmes "majors"(Google, Yahoo) aux moyens financiers énormes qui rachètent toutes les start-up et les "stars" du nouvel internet, de ce que l'on appelle les "réseaux sociaux"(Flickr, Myspace...) Et dans les médias traditionnels le phénomène est encore plus criant: en étant objectif et sans vouloir être désobligeant, il me semble que Lagardère, Bouygues ou Bolloré(qui a racheté la SFP)ont plus de pouvoir et pignon sur rue que notre petit pronétaire plein de bonne volonté...
    Voilà pour cette digression un peu incontrôlé et désordonné que m'a inspiré ton billet sur Breton, mais j'ai pensé que ça pouvait être intéressant de mettre en perspective les thèses de ces différents auteurs!

    Posté par jmi, 03 février 2008 à 22:15 | | Répondre
  • Quête

    "Utopie d'une société pacifiée. Pour communier, il faut communiquer, pour communiquer il faut se séparer. Le contenu de la communication est secondaire."
    Cela m'étonnerait !
    On ne communique pas, on n'échange pas sans une perspective, un désir. La communication pour la communication, pour l'unique plaisir de communiquer, cela n'existe pas.
    D'ailleurs, s'il y a séparation, c'est qu'il y a l'idée d'un autre. Voilà un projet : la découverte, la compréhension de ce qui est étranger.

    Mais cela ne suffit pas. Internet peut créer des liens (points communs, projets communs) ou détruire des liens. Là il s'agit de ce que la société fabrique comme mythe, comme idée de l'Homme. Internet peut être subsersif.
    De toute façon, on cherche quelque chose dans la communication en communiquant.

    Posté par thomas, 08 juillet 2011 à 09:25 | | Répondre
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