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04 septembre 2007

Une autre école (fin)

PARTIE 3 : LES PASSEURS

La pédagogie, outil pour les défis d'aujourd'hui

Philippe MEIRIEU (professeur à Lyon II): Selon lui les apports de la pédagogie sont déterminants pour surmonter les difficultés éducatives que l'on rencontre aujourd'hui. Il faut cependant se garder de chercher des solutions toutes faites dans diverses doctrines. Les pédagogues ont anticipé notre projet actuel: ne laisser aucun enfant à l'écart des "fondamentaux de la citoyenneté". Ils ont posé deux postulats aussi nécessaires l'un que l'autre, bien qu'apparemment contradictoires: le postulat de l'éducabilité (tous les individus peuvent apprendre) et le postulat de liberté (on ne peut contraindre personne à apprendre).

Biblio: Le Choix d'éduquer, éthique et pédagogie (1991), La pédagogie entre le dire et le faire (1995)

+ d'infos : http://www.meirieu.com/  /  http://fr.wikipedia.org/wiki/Philippe_Meirieu

Ecoles différentes : combien de divisions?

Marie-Laure VIAUD (docteur en sciences de l'éducation ) : Il y a très peu d'écoles "différentes" en France, elles scolarisent environ 2000 élèves. Beaucoup ont ouvert dans les années 1970 mais seules quelques unes ont réussi à survivre. Ces écoles mettent toutes en avant l'importance de l'activité des élèves, du travail à partir de leurs intérêts et de la vie réelle, de l'expression et de la communication, de la mise en oeuvre de projets et de la pluridisciplinarité. Les résultats des écoles différentes sont globalement bons, même s'ils varient selon les choix des établissements. Partout les élèves se disent heureux de venir. La violence et les incivilités sont très rares et l'ambiance est excellente. Pourquoi n'en existe-t-il pas davantage? L'institution accepte très difficilement l'existence de structures éducatives dont le fonctionnement diverge un tant soit peu de la norme.

Biblio : Des collèges et des lycées différents (2005)

L'école mutuelle a fermé pour cause d'efficacité

Interview de Anne QUERRIEN (sociologue) : Les écoles mutuelles ont été mises en place par le ministre de l'instruction publique François Guizot en 1816, elles ont été supprimées officiellement en 1833 parce qu'elles marchaient trop bien. Elles ont été créées pour les enfants pauvres et reposaient sur l'entraide et la mutualisation des compétences.

+ d'infos : http://fr.wikipedia.org/wiki/Anne_Querrien

Manifeste pour une école démocratique

Charlotte NORDMANN (professeur de philosophie) : L'école républicaine repose depuis l'origine sur une contradiction irréductible: elle est à la fois un facteur de démocratisation et de hiérarchisation. Les hiérarchies seraient la manifestation de l'ascension légitime des meilleurs, c'est-à-dire des plus méritants. Avec l'égalité des chances, ayant renoncé à l'égalité, nous garantirons au moins que tous aient eu les mêmes chances au départ. C'est au moment même où ces discours se révèlent n'avoir aucune prise sur la réalité qu'ils sont le plus omniprésents. L'école de la République n'assure plus sa fonction d'ascenseur social parce qu'elle aurait renoncé à défendre ses principes fondamentaux: le travail, l'effort, le mérite et le respect. "On sait maintenant que chacun est responsable de son destin et que la sociologie n'a été créée que pour fournir des escuses aux misérables"! "Peut-on imaginer discours plus vain?" C'est là qu'il devient salutaire de se tourner vers ceux qui, depuis longtemps déjà, ont cherché à penser et à faire une autre école. Un mot condense le problème des effets produits par le système scolaire tel qu'il existe actuellement : l'impuissance. Impuissance des élèves, des professeurs, des parents. A chacun, le fonctionnement de l'école inculque que les choses sont ainsi et pas autrement. Pour qu'une autre école soit possible, il faut sans doute aussi cesser de considérer qu'il s'agit là d'un problème purement pédagogique.

+ d'infos : http://fr.wikipedia.org/wiki/Charlotte_Nordmann

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Pour développer: Le Monde de L'éducation n°360, été 2007